Activité : homme et femme

Les caractéristiques fondamentales que nous venons de dégager nous permettent de mieux comprendre un certain nombre de points de friction qui peuvent surgir entre l’homme et la femme. Elles nous indiquent ensuite selon quelles perspectives ces deux natures doivent faire converger leurs efforts pour atteindre un but commun.

Il est évident que ces deux vitalités s’entrechoquent ou s’harmonisent avec d’autant plus de violence ou de profondeur qu’elles sont plus étroitement liées l’une à l’autre dans l’existence. Au premier abord, les harmonies sont moins visibles que les heurts ; les premières s’effectuent souvent dans un état inconscient, tandis que les seconds deviennent conscients sous l’impression de la souffrance. Nous serions parfois tentés, surtout à la vue de certains cas, de considérer les sexes comme ennemis l’un de l’autre. Un regard superficiel qui s’arrêterait aux difficultés laisserait échapper l’inestimable apport réciproque de ces deux activités humaines.

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Activité professionnelle de l’époux : but pour l’homme, moyen pour la femme

Lorsque l’homme s’adonne avec ardeur à une activité, il présente une très forte tendance à s’engager de plus en plus en elle. Il finit même par oublier le but lucratif de son activité en laquelle il se complaît. Il vit moins de son travail que dans son travail.

Si la profession permet d’avoir une rémunération régulière, cette absorption de la nature masculine ne gêne pas la vie familiale ; en général rapportant avec régularité son salaire à la maison, l’homme est libre de se donner entièrement à son occupation.

Mais quand le profit dépend directement d’une activité qui peut exiger des mises de fonds personnels pour accroître le potentiel actif, certains oublient les exigences du foyer. L’épouse, perpétuellement soucieuse d’équilibrer le budget familial, est contrainte de quémander de l’argent au mari qui s’énerve contre celle qui lui parle de telles dépenses.

En revanche, la femme a un but plus immédiatement pratique dans ses activités. Il s’agit pour elle de vivre dans le concret avec des êtres qui ont des besoins précis, actuels et urgents. Aussi est-elle incitée à critiquer son époux qui n’ose pas demander au client le prix fort. Il est un fait d’observation que les artisans les plus consciencieux sont précisément ceux qui spéculent le moins ; mais leurs épouses sont là pour les talonner.

Si la femme est seule dans l’existence, le but de son activité est elle-même. Elle voit dans son travail un pur moyen de subvenir à ses besoins, de contenter ses goûts, de satisfaire ses fantaisies. Elle calcule ce qu’elle peut retirer de profits pour se nourrir, faire toilette, se distraire. Ce qu’elle veut avant tout, c’est vivre.

Lorsqu’elle participe à une existence de foyer, son intention est de contribuer activement à cette vie commune, soit en oeuvrant au sein même de cette vitalité familiale, soit en allant à l’extérieur travailler pour subvenir pécuniairement aux besoins de tous.

Ce sens pratique de la femme et le penchant de l’homme pour l’activité en elle-même provoquent parfois des discussions orageuses. La femme reproche à son mari de négliger son foyer, alors que l’homme accuse son épouse de ne pas comprendre les nécessités d’attendre encore un peu pour profiter plus tard d’un meilleur rendement de l’entreprise. Injustement accusées parfois d’être dépensières, certaines femmes préfèrent quitter la vie familiale pour aller gagner ce dont elles pourront ensuite disposer sans reproche. Devant les récriminations, pas toujours justifiées, de la part de leurs épouses, des maris se crispent, s’impatientent et finissent par dissimuler une partie des profits pour assurer la bonne marche de leur activité.

La tendance de l’homme à s’engager entièrement dans une activité peut encore conduire l’individu à une attitude qui a de graves conséquences psychiques. Constamment préoccupé de son travail, l’homme se tait ou ne parle que de ses soucis professionnels ; il témoigne de moins en moins de tendresse à son épouse qui est sentimentalement négligée ; il devient de plus en plus étranger aux siens, dont la présence l’agace. Il croit cependant remplir son rôle en rapportant l’argent nécessaire à la vie commune. Si on lui reproche de délaisser sa femme et de ne pas prendre soin de ses enfants, il vous regarde étonné, presque scandalisé, de cette observation qu’il estime sans fondement. Ne doit-il pas travailler pour sa famille ? Que peut-il faire de plus ?

Quelquefois, la femme n’est pas compréhensive des besoins réels que comporte l’activité spéciale de son époux. Impatiente, elle ne donne pas toujours assez de temps à cette nature masculine pour parvenir à un rendement suffisant. Ce ne sont pas toujours des nécessités urgentes qui poussent quelques épouses à vouloir profiter dans l’immédiat du travail de leurs maris ; des caprices d’un tempérament exigeant peuvent en être la cause. Des hommes sont même acculés à commettre des malhonnêtetés pour contenter les désirs toujours insatisfaits de certaines femmes.

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L’activité de la femme au foyer

Mais les hommes ne sont pas toujours respectueux de l’activité de la femme au foyer. Ils s’imaginent volontiers qu’un budget familial est d’autant plus équilibré qu’il y a plus d’argent à dépenser. Ils oublient qu’une gestion se compose de deux facteurs intimement unis : les recettes et les dépenses. Une bonne ménagère est celle qui, par son savoir-faire, accomplit une judicieuse répartition des frais, minimisant ainsi les dépenses. Quelle injustice de penser qu’une épouse est à charge à son mari et mène une existence pécuniairement inutile en accomplissant une activité ménagère !

De plus, un préjugé pro-masculin rabaisse la valeur du travail de ménage que l’on considère comme inférieur. Mais, si nous réfléchissions, nous comprendrions qu’une activité a d’autant plus de valeur humaine qu’elle est plus immédiatement adaptée aux êtres concrets. Ce sont eux qui s’épanouissent ou s’étiolent, qui sont heureux ou malheureux et non l’Humanité avec un grand h. Alors que nous louangeons, à juste titre d’ailleurs, les créateurs des progrès scientifiques, économiques, artistiques, nous oublions la femme qui, de ses mains, de son intelligence, de son cœur, humanise ces richesses pour le bonheur de chacun des siens.

L’incompréhension de ce rôle humain suscite un injuste mépris. Les hommes se figurent parfois que l’activité familiale n’est pas une activité réelle. Ce préjugé rend même honteuses certaines femmes lorsqu’elles déclarent être « sans profession » ; cette expression signifie pour beaucoup : ne rien faire !

Cependant, si nous avions la loyauté d’observer, nous serions obligés de reconnaître quelles quantités d’énergies sont indispensables pour remplir avec convenance les activités ménagères. Certes, par manque de goût, de courage, de capacité, trop de femmes ne comprennent même plus les véritables besoins d’une vie familiale ; elles sont négligentes ou comptent sur les autres. Mais l’épouse qui veut maintenir son foyer dans une atmosphère de bonheur humain n’a guère de temps à perdre.

Malgré cela, quelques hommes estiment que leurs épouses peuvent remplir les occupations de famille avant ou après avoir fait le travail d’atelier, de bureau, de laboratoire. Mais si la maison n’est pas propre, si les enfants sont mal soignés, si les vêtements ne sont pas nettoyés et repassés en temps voulu, l’époux se renfrogne ou s’emporte. Que de femmes triment comme des galériennes pour accomplir leur activité professionnelle et tenir leur ménage vaille que vaille !

Aussi voyons-nous l’épouse devenir nerveuse, se crisper, crier ou pleurer. Des brusqueries et des colères subites surgissent, en apparence incompréhensibles. Les moindres peccadilles des enfants deviennent des causes d’emportement. Ce surmenage continuel est une source de disputes. L’homme, agacé à son tour, s’éloigne de cette atmosphère. La destruction de l’amour entre conjoints est quelquefois l’effet de cet état de choses.

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Dangers de l’ « homme au foyer »

Pour se décharger des soucis du ménage, certaines femmes ont profité, dès le début de leur mariage, de la grande affection de leurs jeunes maris, pour dresser leurs époux à des travaux d’intérieur. Jouant la comédie de la fatigue, de la tendresse, de la bouderie, elles sont parvenues à forcer des hommes à faire la cuisine, à mettre le couvert, à nettoyer la vaisselle, à laver le linge, à faire la toilette des enfants.

Au bout d’un certain temps, nous voyons poindre deux tendances très nettes chez les hommes astreints à ces travaux.

Quelques individus finissent par perdre toute autorité masculine dans le foyer. Devenus « hommes de ménage », ils sont des serviteurs que leurs épouses commandent. Tout dévoués aux petits soins des autres, ils deviennent craintifs, sans volonté, sans énergie. Peu à peu, cette activité affaiblit le caractère de l’homme. L’épouse, après avoir annihilé cette personnalité, la méprise. Les enfants, à leur tour, ne respectent plus leur père qui se démène comme une bonne à tout faire.

Lorsque l’individu est nettement viril, il ne peut s’adonner à une activité qui ne s’harmonise pas avec les caractéristiques de sa nature. Certains maris se raisonnent cependant en se disant qu’il est bien juste que l’homme partage avec sa femme le travail de ménage. Mais, malgré leur bonne volonté, ils sentent monter en eux un malaise. Ils se reprochent cette réaction et s’estiment égoïstes. En dehors de leur activité professionnelle, ils se croient devenus paresseux. Au bout de quelque temps d’effort sincère, ils n’en peuvent plus.

Ces réactions sont normales. Pour qu’un homme puisse, en effet, réaliser une activité sans se dévier ni s’amoindrir, il doit s’adonner à des travaux qui correspondent à ses modalités d’action. Il est donc inapte aux occupations qui exigent à la fois de la délicatesse, de la souplesse et de la mobilité psychique. Aussi le voyons-nous s’énerver rapidement dès qu’il s’intéresse à un enfant. Le père peut promener son petit, le faire jouer, mais faut-il encore que le bébé soit prêt et tout ira pour le mieux si l’enfant reste sage et gazouille gentiment. Si le bébé a faim, pleure, se salit, l’homme, tout père qu’il est, reste désarmé devant cette vitalité qu’il ne parvient pas à entourer de ses soins avec une suffisante délicatesse. II essaie de calmer l’enfant, lui fait des sourires qui sont plutôt des grimaces et font peur plus qu’ils ne rassurent, impose silence d’une voix qui apparaît au bébé comme une voix de stentor. Ne sachant plus comment s’y prendre, il préfère remettre l’enfant sur les genoux de la mère en lui disant « Occupe-toi de ton gosse… » Tous les multiples détails des soins à donner à un petit être lui échappent et l’agacent.

Quelquefois, le mari, voyant son épouse surchargée de travail, désire lui venir en aide et lui demande ce qu’il pourrait bien faire pour la seconder. À sa grande surprise, il est sèchement reçu et demeure planté là, sans trop savoir comment s’y prendre pour témoigner sa bonne volonté. La femme s’étant rendu compte par une expérience antérieure qu’elle retirait plus d’inconvénient aient que de secours réel d’une aide masculine s’irrite : « Reste tranquille, dit-elle, c’est la seule chose que je te demande. Pour ce que tu sais faire ! » Le mari, penaud ou fâché, se retire et ne s’aventurera guère une autre fois.

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L’activité spécifique de l’homme au foyer

Pourtant, certains travaux sont du ressort de l’homme. L’épouse demande à juste titre à son mari d’installer un tableau, d’arranger une porte, de déboucher un tuyau… Il en est capable et se fâcherait même si sa femme demandait à un ouvrier de faire ces réparations. N’aurait-elle pas confiance en lui ? Et puis, pourquoi dépenser de l’argent alors qu’il a tout le nécessaire pour exécuter ces menus travaux ? Pourtant, les jours passent ; le cadre est encore par terre, la porte ne ferme toujours pas, l’eau continue à mouiller le plancher… Nouvelle supplication. La femme s’impatiente ; si elle ne craignait pas une colère de la part de son époux, elle ferait elle-même ce travail.

Sans vouloir justifier cette résistance parfois exagérée, il faut comprendre que la nature masculine prend toujours un temps pour se décider. Ayant dosé ses efforts selon son activité professionnelle, l’individu relâche totalement sa tension dès qu’il se repose chez lui. Cela lui coûte donc toujours de se tendre à nouveau, surtout en dehors de ses travaux quotidiens.

Voici que l’homme se met à l’œuvre ; il étale tous ses outils ; il calcule, mesure, réfléchit. L’épouse est heureuse de voir qu’elle aura satisfaction ; elle n’aura plus qu’à nettoyer après… Qu’importe ? le travail sera fait. Pour s’excuser un peu d’avoir dérangé son mari, elle s’approche de lui pour causer gentiment. Soudain l’ouvrage présente quelques difficultés imprévues. L’homme se concentre et la femme questionne sur la nature du nouvel ennui. La réponse est immédiate ; il veut qu’on le laisse en paix. L’épouse s’éloigne en catimini, pensant que son mari est furieux d’être obligé de réaliser ce travail. Pourtant, c’est avec tout son cœur qu’il voudrait être agréable à sa femme ; mais, ne parvenant pas à réaliser sa tension interne, il s’emporte contre celle qui le gêne. La méprise peut être douloureuse et les bonnes volontés déçues.

Aussi est-il maladroit de conseiller à l’enfant d’aller montrer au père très occupé les excellentes notes obtenues en classe. L’homme ne répond pas toujours. En face de l’insistance du petit, il se fâche. L’écolier s’éloigne et n’ose plus présenter le bulletin scolaire au père, croyant que cela ne l’intéresse pas. Cependant, lorsque l’homme cesse sa tension, il est content et fier de lire le carnet bien annoté. L’enfant, qui ne comprend plus rien, a l’impression que le caractère du papa est bizarre !

Cette concentration masculine provoque chez l’homme l’horreur de la dispersion des forces. Que de chamailleries, de discussions, de colères même à l’occasion d’un voyage ! Si la femme possède l’art de caser dans un espace réduit une abondance d’effets, elle a aussi le goût de « multiplier » les colis. Mais l’homme aime mieux transporter une grosse valise qui lui arrache le bras que de « trimbaler » trois ou quatre bagages dont le poids ne ferait pas la moitié de celui de la valise. Très heureux d’aider son épouse à préparer le voyage, l’homme apprécie moins la « multiplication » des paquets. Il intervient, fait des réflexions que sa femme prend souvent fort mal… et on est au bord de la dispute, si toutefois elle n’éclate pas avant le départ ! Dès que les époux se sont installés dans le train, l’énervement s’apaise pour reprendre de plus belle à chaque changement de correspondance ou à l’arrivée. C’est souvent ainsi que les belles vacances à deux commencent !

Lorsque l’homme est concentré, il veut se maintenir ainsi tant que l’ouvrage n’est pas terminé. Aussi la femme sent-elle une certaine résistance quand elle appelle son époux à l’heure du repas. « La soupe se refroidit, la viande sera trop cuite. » Nouvel appel ! « Oui, dit-il, je viens… » Et la femme attend encore : « Ah ! cet homme, murmure-t-elle, il lui faut tout un temps pour se mettre au travail… mais, quand il y est, c’est toute une affaire pour qu’il s’arrête ! »

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L’épouse face au « relâchement » masculin

De retour à la maison, l’homme aime se détendre dans le calme ; tout souci familial l’importune. Certains maris, fort sociables à l’extérieur, se montrent renfermés, bourrus, agacés dès qu’ils arrivent chez eux. Leurs épouses croient volontiers qu’ils font les hypocrites, puisqu’ils passent à l’extérieur pour des hommes gentils, souriants, agréables, tandis qu’à la maison ils ont une tout autre attitude.

Bien souvent l’atmosphère familiale en est la cause ; elle ne permet pas toujours à l’homme de se détendre. Après avoir soutenu durant toute la journée une forte tension interne pour accomplir son travail, le père de famille ne peut se reposer dans un milieu où les bouderies de l’épouse et les cris des enfants l’obligent à se tendre. Pour se protéger le plus possible, il se réfugie au café ou se replie sur lui-même en gardant un mutisme absolu. Si l’on interrompt cet isolement indispensable à une récupération lente des forces masculines, l’individu s’emporte avec violence. Cette réaction est constatable chez certains pères qui, réveillés durant la nuit par les pleurs du bébé, se fâchent, crient et tempêtent injustement contre la mère qui tente de calmer l’enfant.

Les femmes s’imaginent que les hommes ne cherchent, en revenant au foyer, qu’à mettre les pieds dans leurs pantoufles ou à s’adonner à leurs distractions favorites. Quelques-unes même les accusent de ne vouloir se marier que pour cette raison de bien-être. Or, si l’homme doit reconnaître que les sautes d’humeur de la femme sont parfois dues à une intense activité physiologique, l’épouse doit, de son côté, comprendre que l’homme a sa modalité particulière de récupération énergétique. Ce n’est pas nécessairement une question ou d’égoïsme ou de paresse qui l’incite à se détendre totalement dès que son activité professionnelle est terminée, mais une nécessité biologique.

Pendant que le mari se repose, la femme s’affaire sans répit. Si elle n’est pas épuisée par quelque surmenage, l’épouse peut organiser l’existence familiale en vue d’une atmosphère de repos. Malheureusement, lorsqu’elle revient de l’atelier, du bureau, du laboratoire, elle a encore tout son travail de ménage qui l’attend. À bout de nerfs, elle essaie de faire face à tous les besoins familiaux.

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L’époux face au « repos » féminin

Le mari souhaiterait pourtant que son épouse se reposât. Il lui conseille de laisser de côté certaines occupations non urgentes. Mais il oublie qu’une femme quelque peu soigneuse se délasse très difficilement dans un milieu malpropre et en désordre. Après quelques instants de détente, elle se met à l’œuvre, ne pouvant supporter l’idée d’une accumulation de travaux qu’elle devra faire tôt ou tard. Alors le mari se fâche, tandis que l’épouse commence son ouvrage tout en bougonnant.

Lorsqu’une femme, qui ne cherche pas à se faire dorloter, souffre d’une maladie bénigne, elle s’impatiente vite au lit. Elle se lève et entreprend quelques petites occupations. Par crainte de voir son épouse se fatiguer, l’homme insiste pour qu’elle reste immobile ; il veut qu’elle se repose, qu’elle se rétablisse complètement, qu’elle soit à l’abri d’une rechute. La peur éprouvée par un mari pour un être qui lui est très cher peut se traduire par une exigence catégorique. La femme ne comprend pas toujours les manières brusques et pourtant généreuses de l’homme ; elle s’emporte contre cette « tyrannie » masculine. Elle se fâche, s’aheurte et n’en fait qu’à sa tête. Le mari, tout d’abord tremblant, finit par se désintéresser de l’état de santé de son épouse. Certains, comprenant qu’ils ne peuvent faire entendre raison à leurs femmes, répondent à ceux qui leur adressent un reproche sur cette indifférence : « Que voulez-vous que j’y fasse, elle ne veut pas m’écouter. »

Il faut que la femme sache que l’homme peut devenir indifférent à l’égard de son épouse à la suite des comportements entêtés qu’elle prend ; mais faut-il aussi que le mari veuille surmonter sa crainte pour permettre à sa femme de se rétablir selon sa biologie féminine. Confinée dans une immobilité absolue, cette nature humaine ressent, dès que la santé s’améliore, une compression de plus en plus douloureuse qui la pousse à l’action. Une certaine liberté favorisant un épanchement énergétique ne peut être que propice au rétablissement de la santé.

Les caractéristiques de la vitalité féminine orientent la femme vers des activités qui la mettent en contact direct avec les êtres humains. C’est dans ce rapprochement que cette nature épanouit toutes ses puissances en maintenant son équilibre biologique.

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Dangers d’une activité professionnelle de l’épouse

Malgré ce fait d’observation, les femmes désertent leurs foyers pour s’astreindre à des travaux réglementés de bureau, d’atelier. Elles parlent de « liberté » sous la direction d’un contremaître, d’un chef de service, d’un directeur. Nous pourrions croire qu’il s’agit de la liberté de disposer à leur gré de l’argent qu’elles ont gagné ; non. Pour beaucoup d’entre elles, le salaire est mis au profit de la communauté familiale. Est-ce une question de liberté d’action ? Mais, à la maison, les épouses peuvent organiser leurs occupations à leur guise ; les maris ne s’en soucient généralement pas. Elles prétendent aussi échapper à la monotonie de l’activité ménagère. N’est-ce pas toujours les mêmes gestes, les mêmes mouvements, les mêmes écritures qu’elles font à l’extérieur pendant toute l’année ?

Je ne traiterai pas en détail ce problème de l’activité de la femme en dehors de son foyer. Je me contente simplement de l’envisager sous quelques aspects psychiques.

Tout d’abord, la désertion du foyer par la femme n’est pas toujours imputable à l’homme. Éduquée uniquement pour remplir des activités extérieures, la jeune fille perd le goût de l’activité ménagère qu’elle méprise. Malgré son incapacité de femme d’intérieur, elle veut se marier et avoir des enfants, espérant toutefois pouvoir se débarrasser des soucis familiaux.

Cette incapacité doublée de mépris rend l’épouse inapte à réaliser un don réel de son activité de femme à ceux qu’elle prétend aimer. Tout ce qu’elle doit faire pour l’entretien des siens devient une corvée. Et l’homme et les enfants le sentent.

Si le mari exprime le désir que son épouse reste à la maison pour s’occuper du ménage, immédiatement certaines femmes crient à l’esclavage. Mais, quand on examine de près cette réaction, il est aisé de constater que ces femmes sont devenues incapables de s’intégrer dans une vie familiale ; elles vivent à côté des leurs.

Dégoûté d’un foyer mal entretenu et dépourvu de toute chaude présence féminine, l’homme se livre à la boisson ou rêve d’une autre femme capable de rendre une famille heureuse. Il ne faut donc pas s’étonner de voir le mari s’évader d’un milieu si peu vivant. Dès que les enfants atteignent un certain âge, ils préfèrent la rue, les cafés, les salles de jeu… Les domestiques ne remplacent point la chaude vitalité d’une mère sans laquelle le foyer reste une auberge où l’on mange, dort et dépose ses affaires.

En passant, je voudrais signaler toutefois que certaines épouses regrettent vivement d’aller travailler hors de chez elles. Mais les gains que rapportent leurs maris sont insuffisants pour satisfaire tous les besoins de la famille. En revanche, il existe des femmes dont les incapacités ménagères provoquent le gaspillage de tout salaire, si élevé soit-il. Une mauvaise éducation, un manque de goût, une paresse sont parfois les causes réelles des difficultés économiques.

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Origines psychiques de ces difficultés familiales

Si nous observions longuement les familles, nous remarquerions, en outre, des difficultés psychiques qui ont pour conséquence l’abandon du foyer par la femme. Celle-ci pense souvent être la personne sacrifiée dans la vie communautaire. Pour comprendre en partie cette réaction, il faut nous souvenir du facteur primordial qui, chez la femme, stimule l’activité, à savoir l’affection. Or, bien trop souvent l’homme, au bout d’un certain temps de mariage, retombe dans sa passivité sentimentale. Il est repris par ses occupations et ne s’inquiète nullement de la délicatesse dont a besoin la nature féminine. L’épouse s’évertue à se montrer bonne ménagère, tandis que le mari n’a jamais un mot d’attention pour celle qui voudrait le rendre heureux. Peu à peu, la femme éprouve un malaise, une insatisfaction, une rancœur. Son travail n’est pas reçu comme un don d’amour, mais comme une activité de servante.

C’est pourtant de l’amour que la femme donne dans son travail et c’est cet amour qui doit être reçu comme tel. Si le mari comprend ce don, il sait trouver le mot, le regard, le sourire qui reflètent sa tendre reconnaissance. Alors stimulée, l’épouse n’éprouve plus cette lourdeur de domestique, mais se sent transportée par un enthousiasme qui transfigure son existence. En revanche, si l’homme reste indifférent, il assombrit la vie de celle qu’il voudrait pourtant rendre heureuse. Il est désolé pour les siens de voir sa femme aller travailler au dehors ; mais il ne songe pas une seconde qu’il peut être lui-même la principale cause de cet abandon.

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Les différentes professions masculines et féminines

Si nous considérons maintenant les professions par rapport aux caractéristiques des deux biologies humaines, nous pouvons constater que certaines professions correspondent avec netteté aux exigences fondamentales de l’une ou de l’autre de ces deux vitalités ; il y a des professions masculines et des professions féminines. D’autres activités, actuellement simples, contiennent deux perspectives dont l’une est masculine et l’autre féminine. Quelques-unes, n’ayant pas de caractéristiques bien précises, semblent pouvoir être exercées par l’un ou l’autre sexe sans inconvénient.

Il ne suffît pas qu’une profession puisse être techniquement remplie par un des sexes, il faut encore observer les répercussions d’une activité particulière sur les psychologies. En effet, au bout d’un certain temps, nous voyons qu’une activité définie provoque des épanouissements harmonieux ou des déviations, des atrophies, des hypertrophies, des inversions biologiques, chez l’individu qui s’adonne à une profession conforme ou non à sa nature sexuée.

En outre, nous pouvons dire que la femme acquiert plus de possibilités dans la mesure où elle exerce son action en intimité avec les êtres humains, tandis que l’homme devient plus réalisateur dans la mesure où il s’engage dans une orientation indépendante des vitalités concrètes. Bien plus, la femme déplacée du milieu directement humain est, par pure nature, inadaptée aux occupations masculines pour lesquelles ses qualités naturelles deviennent plus une gêne qu’une aide ; de son côté, les capacités de l’homme se transforment en défauts dès qu’elles sont employées en dehors du domaine de l’activité masculine.

De plus, si l’influence masculine se fait trop lourdement sentir dans le domaine féminin, nous constatons que les théories créées par l’homme aboutissent très souvent à des applications plus ou moins inadaptées aux êtres concrets. C’est ainsi que la puériculture, conçue par un esprit masculin, finit par paralyser les mamans dans leurs activités naturelles. Les conseils d’hommes compétents en ce domaine peuvent être très utiles, mais certaines réglementations sont ridicules, voire inhumaines.

Nous pouvons observer, en effet, des mères arrachant de leur sein leur bébé, pour contrôler à chaque instant le poids de l’enfant, afin que le barème établi « scientifiquement » soit respecté à chaque tétée. Certes, un contrôle, après que l’enfant a pris sa nourriture, doit être d’autant plus fréquent que le bébé se trouve en état de santé délicate ; mais soumettre un jeune organisme à un développement mécanique est une preuve d’ignorance absolue des modalités d’une biologie humaine, que cette réglementation soit établie au nom de la science ou non. Car la vitalité concrète évolue selon un balancement vital que nous n’avons pas à régler selon un barème établi à l’avance. Chaque organisme se développe selon son rythme, avec des avances et des ralentissements qui le caractérisent individuellement. Lorsqu’il est satisfait, l’enfant a tendance à s’arrêter de lui-même. Que diraient les grandes personnes si on les forçait à prendre leur nourriture en les faisant monter, après chaque plat, sur une bascule pour contrôler le poids de la pitance prise. Respectons au moins certaines lois biologiques, ne paralysons pas les mères qui, assez fines, sentent la vitalité de leurs enfants ; ne mécanisons pas, au nom de la science, des vitalités qui ne peuvent qu’en souffrir. Les hommes doivent s’effacer devant les femmes plus aptes qu’eux à s’occuper des vitalités concrètes. Cela n’enlève pas la valeur des conseils des médecins-hommes qui savent, lorsqu’ils ont une suffisante connaissance de la nature humaine, respecter les vitalités individuelles.

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Synthèse

Alors que la femme montre une supériorité naturelle par rapport à l’homme dans une activité qui s’exerce au contact des vitalités humaines, l’homme prend le pas sur la femme dans les activités qui s’éloignent de ce contact direct. C’est dans cette perspective que l’homme se trouve à l’aise et réalise le mieux toutes ses possibilités actives, sans se dévier ni s’amoindrir.

Si la femme empiète sur le domaine masculin, non seulement elle ne réalise pas une totale expression de sa personnalité sans déviation biologique, mais encore elle trouble l’activité masculine. Observons une organisation qui fonctionne seulement à l’aide d’hommes. Nous constatons une certaine tranquillité dans le service ; les difficultés sont, en général, d’ordre professionnel ; mais que l’on engage des femmes parmi les hommes, immédiatement les « histoires » commencent. Tout un jeu d’influences complique les relations entre hommes ; ceux-ci, bons camarades jusque là, deviennent entre eux méfiants, hostiles ou rivaux, sans pouvoir déterminer avec exactitude la cause réelle de la mésentente. La liberté d’expression est supprimée en fait, car chaque parole est répétée, commentée, interprétée selon les diverses sensibilités féminines. Le désordre s’installe et l’atmosphère devient lourde.

Pour qu’un bon rendement masculin soit possible, il faut que l’ambiance soit empreinte d’entente, de calme, de compréhension mutuelle. Dès qu’un désordre psychique s’installe, l’activité de l’homme ne peut qu’en souffrir.

Cette divergence des capacités ne conduit pas à un mépris, mais à un respect réciproque entre les sexes. Les deux natures actives peuvent, en réalité, faire converger tous leurs efforts en vue d’une réalisation totale de vie  : l’homme produit et la femme adapte. Il est facteur principal de progrès ; elle est facteur primordial d’humanisation du progrès.

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