Intelligence : homme et femme

Les hommes ont une tendance à réduire l’intelligence à une de ses formes : la raison. Aussi témoignent-ils de la considération à ceux qui construisent une argumentation logique, procèdent dans leur pensée par étapes, établissent leurs croyances sur des théories. Cette position intellectualiste jette un discrédit sur l’intuition qui est plus tolérée qu’appréciée.

Les femmes intellectualisées partagent cette conception. Mais, dans l’existence quotidienne, elles reprennent habituellement, à moins d’être totalement déféminisées, une attitude d’intelligence intuitive.

L’intuition féminine, sous l’effet du préjugé pro-masculin, est trop souvent mésestimée. La femme finit même par perdre confiance en son intelligence naturelle.

En outre, l’homme et la femme, ne faisant pas un effort de respect mutuel, ne parviennent pas à concilier leurs deux points de vue pour une meilleure compréhension du réel. Il s’ensuit des mésententes parfois très graves.

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Mutisme masculin et réactivité féminine

Dans une discussion, l’homme essaie d’amener la femme à ses conclusions à l’aide d’un raisonnement logique. Il accumule des arguments ; il prend des faits, les considère sous un certain angle, en extrait la valeur probatoire. Puis, enchaînant les raisons, il tire des conséquences qui sont pour lui absolument convaincantes.

Si la femme intervient pendant son argumentation pour critiquer, il la prie d’attendre. Il est, en effet, difficile pour un esprit masculin d’exposer une pensée sans accomplir un mouvement lent et progressif de raisonnement. Toute intervention hâtive déroute l’homme et l’annihile dans sa réflexion. Souvent, en face des critiques de la part de son épouse, il préfère rompre la conversation, ne pouvant exposer sa pensée.

Cette réaction masculine est interprétée comme un orgueil froissé. L’homme, disent les femmes, ne tolère pas d’être contredit, surtout par son épouse.

D’une façon générale, il n’en est rien. Mais l’existence en commun incite la femme à prendre une plus grande liberté à l’égard de son mari. Elle ne se gêne plus pour dire son mot à tout propos et hors de propos. L’homme essaie de se faire comprendre, mais, s’apercevant qu’il ne peut même pas s’expliquer, il réagit violemment ou préfère garder le silence. L’épouse, devant cette attitude, s’efforce ensuite de le dérider. Bloqué, il ne parvient plus à parler. S’il rencontre une femme qui reste sur sa réserve et l’écoute avec patience, il jouit d’une liberté d’expression. C’est une des causes qui le poussent à lier conversation avec les femmes étrangères et à se taire dans son foyer.

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Confrontation conjugale pour comprendre le réel

Quelle méprise de croire que l’homme veut toujours avoir raison ! Il désire être écouté pour être compris, mais non forcément pour être approuvé. Il est heureux même de rencontrer chez autrui une résistance qui ne soit pas de l’entêtement, mais une occasion d’approfondir sa propre pensée. Il sollicite parfois des remarques sur l’insuffisance de son observation, sur l’interprétation qu’il avance, sur un défaut de logique dans son argumentation.

Mais dans bien des cas, la femme affirme seulement sa position adverse d’une façon catégorique, sans se donner la peine de s’expliquer. Le mari sent que son épouse prend position contre lui. Il n’arrive pas à déceler la nature de cette résistance. Il interroge la femme. la questionne, attend avec patience un éclaircissement, une phrase, un mot, qui puissent lui faire comprendre pourquoi elle ne l’approuve pas. Malgré son insistance, il ne reçoit comme réponse qu’un mutisme encore plus fermé. Il recommence son argumentation et reprend point par point son raisonnement, épiant un signe de tête, pour savoir si son épouse comprend et même si elle écoute…

Les réactions masculines peuvent alors être profondes et définitives. Lorsque le mari a jugé de la mauvaise volonté de sa femme, il tire un trait sur cet aspect de la vie conjugale et désormais se tait. Il peut demander à un ami en qui il a confiance de faire entendre raison à son épouse qui écoute, saisit la solidité du raisonnement et s’émerveille de la haute intelligence de l’ami. Et pourtant les arguments sont les mêmes que ceux du mari !

L’attitude butée de certaines femmes peut quelquefois provenir d’une réaction en face du comportement de l’homme. Celui-ci ne prend pas toujours en suffisante considération ce que dit son épouse. Plus portée à saisir le réel dans sa totalité concrète, la femme refuse d’admettre une argumentation où la logique, très solide, laisse échapper entre les mailles du raisonnement une grande partie de la réalité. Aussi s’efforce-t-elle d’avancer les faits qui semblent contredire l’opinion du mari. Lui n’écoute pas et il croit que sa femme ne sait voir que les petits côtés du problème. Au raisonnement, elle oppose le fait. Pour bien s’expliquer, elle donne des détails. L’homme finit par estimer qu’elle est peu intelligente. Il le dit, le répète et impose parfois silence à celle qui voit quelquefois la réalité mieux que lui.

Ce mépris incite quelques femmes à négliger leur authentique intuition pour acquérir des connaissances qui puissent leur donner une réputation d’intelligence supérieure. Mais on oublie qu’instruction et intelligence sont deux réalités distinctes, bien qu’elles puissent avoir des rapports étroits entre elles. De plus, on ignore parfois que l’intuition est une forme d’intelligence qui nécessite pour s’accroître un soin constant et délicat.

Je n’exposerai pas ici tout ce que l’observation m’autorise à dire sur les connaissances intellectuelles de la femme. Il me sera peut-être possible, un jour, d’envisager la question avec plus de détails nuancés. II suffit pour le moment de constater que la femme n’est pas condamnée par nature à l’ignorance. Mais, en gros, son intelligence intuitive la prédispose plus à la culture générale qu’à l’instruction, surtout si cette instruction s’oriente vers des matières théoriques.

Les hommes, qui aiment parfois discuter avec celles qui raisonnent, sont souvent insatisfaits lorsqu’ils lient leur existence à celle de ces femmes qui ne savent que ce qu’elles ont appris dans les livres. Au début du mariage, les conversations sur des sujets littéraires, scientifiques, artistiques, philosophiques, vont bon train. Mais la vie conjugale n’est pas un simple échange d’idées. Elle est une harmonisation de deux vitalités complémentaires. Les époux cessent bien vite leur dialogue pour se trouver dans une réalité vitale qui n’entre que très difficilement dans les conceptions théoriques. L’accord, qui n’a parfois eu lieu qu’au niveau superficiel des goûts, des idées, des conceptions, fait place à des sentiments plus profonds qui peuvent se heurter avec violence.

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Complémentarité parentale

Nous avons déjà constaté que le point de vue masculin et le point de vue féminin sont différents devant une réalité vivante et concrète. Plus apte à saisir les conditions extérieures, l’intelligence masculine tend à réduire à une simple question de volonté l’élément psychique qui doit s’accorder avec les conclusions d’un raisonnement logique. En revanche, cette même réalité est mieux perçue par la femme dans son originalité propre. Son intelligence en capte les sensations, les besoins, les aspirations. C’est dans la psychologie humaine qu’elle découvre les problèmes individuels et qu’elle en cherche les solutions.

Ainsi le père, s’intéressant à l’instruction de son enfant, envisage les matières à étudier, la compétence des professeurs, le temps nécessaire pour que l’instruction se déroule selon un rythme progressif : Mais il risque d’oublier que chaque élève est une réalité psychique particulière. Lorsque le petit rencontre des difficultés, l’homme n’y voit qu’une question de méthode scolaire. Même s’il a des connaissances théoriques de la psychologie enfantine, son manque d’intuition le rend impuissant à intervenir sur l’heure avec efficacité ; le père reconnaît volontiers que le petit a rencontré des obstacles dans ses études pour raison de maladie ; mais est-ce la seule cause qui gêne la formation d’un petit écolier ? Si les insuccès se multiplient, le père se fâche et, comparant les résultats avec ceux qu’il a obtenus lorsqu’il était lui-même enfant, il se sent humilié. Pour lui, aucune difficulté : si son fils ne réussit pas, c’est qu’il est paresseux. On ne peut pas expliquer autrement ces retards, car il ne peut y avoir de différence entre lui et son petit ; ne sont-ils pas du même sang ?

Heureusement que l’intelligence féminine est là pour comprendre les avances et les retards du développement psychique, avec les déviations, les heurts, les souffrances et les orientations particulières. La mère explique par l’intérieur son enfant. Elle trouve dans cette psychologie enfantine les répugnances, les découragements, les paresses, les défauts qui acculent le petit à des échecs répétés. Bien qu’elle n’admette pas toujours les conséquences néfastes du comportement de l’écolier, elle a une tendance à donner plus de valeur à cet élément psychique qu’aux circonstances extérieures.

À ce moment peuvent surgir des discussions entre le père et la mère. Si l’un ou l’autre des parents ne parvient pas à comprendre le point de vue du conjoint - sans toutefois l’admettre nécessairement comme une raison suffisamment valable -, l’enfant, tiraillé, en subit les conséquences néfastes.

Lorsque le père n’écoute pas les raisons qu’avance son épouse, l’enfant est coincé au milieu de difficultés insurmontables. La situation devient encore plus tragique lorsque, perdant son intelligence féminine, la mère devient incapable de saisir la psychologie enfantine ; le petit est alors seul en lui-même avec ses ennuis personnels.

En revanche, si le père ne réussit pas à faire admettre l’importance d’un plan général de formation, l’enfant est éduqué à la « petite semaine », au gré des influences passagères.

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La justice humaine confrontée à cette complémentarité

C’est encore cette double vision qui devrait être celle de la Justice lorsque des êtres humains sont jugés.

L’observation permet de déceler des réactions fondamentales des sexes après une sentence portée par le tribunal. Mais, ici, les hommes sentimentalistes d’une part et les femmes raisonneuses d’autre part brouillent souvent la véritable valeur de la justice humaine.

Pour rendre possible une suffisante harmonie dans l’existence en société, les hommes ont établi un certain nombre de lois auxquelles doit se conformer chaque individu. La culpabilité sociale est fonction de l’écart existant entre l’acte commis et la loi violée. Cette perspective, extérieure à la vitalité intime de l’individu, est nettement la perspective masculine.

Cette position peut devenir exclusive à certaines époques, dans certains pays et sous certains régimes politiques. Elle est si écrasante même que les individus sont jugés, condamnés et exécutés sans haine, uniquement parce qu’ils ne sont pas en harmonie avec les lois prescrites. Aucune considération, dans cette forme exclusive de justice, pour la vitalité personnelle qui n’est pas prise en considération.

En revanche, la femme considère avec plus d’attention l’aspect psychique de la culpabilité individuelle. Cette perspective aboutit à une meilleure compréhension du coupable en lui-même. Elle permet de découvrir les circonstances atténuantes, de les examiner et de les faire admettre.

Aux périodes de sentimentalisme, ce point de vue domine la perspective masculine. Il s’ensuit un déséquilibre de la justice humaine qui passe d’une indulgence injustifiée pour le coupable à la haine incontrôlée en face d’innocents. Certains individus, de concert avec beaucoup de femmes, s’apitoient sur le criminel qui est si beau, si jeune, si plein de vie, alors qu’ils oublient que des petits n’ont plus de mère, qu’une femme est désormais seule pour élever sa famille, que des parents n’ont plus leur enfant ; les avocats jouent sur la « corde sentimentaliste » devant un jury qui se laisse attendrir.

Ce n’est que dans une harmonie de la perspective masculine et de la perspective féminine que la justice humaine peut s’acheminer vers une meilleure compréhension des valeurs humano-sociales. On trouve ainsi un équilibre plus sûr entre le respect de l’individu et l’intérêt de la société.

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Loyauté masculine et sincérité féminine

Une autre conséquence découle des aptitudes naturelles de l’intelligence masculine et de l’intelligence féminine ; l’homme paraît plus loyal et la femme plus sincère.

Mais l’éducation morale rend difficile l’observation en ce domaine. Elle apporte des améliorations dans le comportement individuel et incite grandement l’homme à se montrer sincère et la femme à devenir loyale. Il ne s’agit pas ici d’une appréciation sur la conduite réelle des personnes, mais de la prédominance de la tendance naturelle. Par nature, l’homme est plus porté à la loyauté et la femme plus encline à la sincérité.

En effet, l’intelligence masculine amène l’homme à se considérer comme une réalité détachée de sa propre sensibilité. Quand il parle de lui-même, il expose ses idées, ses conceptions, ses vouloirs ; il fait le récit de sa conduite, met en avant les raisons qui la justifient à ses yeux ; il reconnaît assez facilement ses erreurs. Il ne se sent pas diminué pour autant. C’est une faiblesse passagère, une faute d’un moment, une malhonnêteté qui aurait pu être aussi bien accomplie par une autre personne. Bien que sensible à sa déchéance et à sa culpabilité, il tend à faire une nette séparation entre son comportement et sa valeur personnelle. Aussi avoue-t-il ses fautes plus aisément que la femme. La tendance de l’homme à reconnaître la valeur « objective » de sa conduite est la perspective de la loyauté.

Cette attitude masculine peut être brutale,. Le mari confesse simplement à son épouse ses faiblesses. Quelquefois, sous l’apparence d’une « indifférence », il attend une aide morale. Mais, blessée par cet aveu si simple, la femme se révolte et croit découvrir du cynisme.

Une telle incompréhension provient du fait que l’épouse juge l’homme selon ce qu’elle est, car la femme ne se décante pas d’elle-même lorsqu’elle parle. Quand elle expose ses idées, elle révèle plutôt ses sentiments qui peuvent être présentés sous la forme trompeuse de notions. Quand elle désire faire comprendre sa conduite, elle avance les raisons intimes très profondes qui l’ont décidée à se comporter ainsi. Sa conduite n’est pas, en général, fonction d’une ligne extérieure à sa propre vitalité.

La morale est pour elle, avant tout, un ensemble de principes qui ne sont que l’expression de tendances profondes de sa vitalité humaine. En ce sens, la femme est plus profondément morale que l’homme. Par suite, ses fautes sont davantage des manifestations de déviations vitales.

Reconnaître une faiblesse, c’est donc pour la femme se sentir amoindrie, faire l’aveu de sa déchéance, s’exposer au mépris. Elle refuse de se voir diminuée à ses propres yeux et aux yeux des autres. Pour éviter une telle conséquence, elle a tendance à mentir, à inventer, à fausser l’objectivité des faits. Elle proclame qu’elle agit uniquement selon ses sentiments du moment, autrement dit en toute sincérité.

Aussi l’homme est-il bien souvent dérouté devant les appréciations morales si variées et si nuancées de la femme. Après quelques expériences fâcheuses, il finit par douter de la sincérité féminine. Il reste sur ses gardes et se demande avec anxiété si ce que son épouse lui dit aujourd’hui sera demain reconnu par elle comme ayant été dit la veille.

Pour comprendre ce problème de la psychologie féminine, il faut bien s’entendre sur le sens des mots. On parle de loyauté quand il s’agit de la reconnaissance d’une valeur appréciée sous l’angle « objectif », c’est-à-dire quand l’individu se considère comme s’il s’agissait d’une personne étrangère. En revanche, la sincérité est la conformité d’un comportement extérieur avec les dispositions intimes de l’individu. Est loyal celui qui apprécie la valeur objective de son acte ; est sincère la personne qui se conduit selon ses sentiments du moment.

Lorsqu’une femme juge son acte, elle l’estime avant tout sous l’angle de la sincérité. Pour cela, elle doit se référer à l’état psychique qui l’a déterminée à se comporter ainsi. Son étalon de référence morale est donc constamment variable et nuancé. Elle paraît se justifier à chaque instant.

Nous pouvons avoir une confirmation dans le fait que des femmes, se référant uniquement à des principes moraux abstraits, jugent souvent impitoyablement les personnes qui s’en écartent. Si elles-mêmes changent de sentiments, elles modifient leur comportement et leurs appréciations. Les unes ou les autres critiqueront sévèrement une telle dont l’existence n’est pas sans reproche. Mais qu’elles viennent à faillir à leur tour et qu’on leur rappelle leur intransigeance passée, elles répondent, un peu vexées, qu’il n’y a pas de comparaison à faire puisqu’elles aiment, elles !…

Cette tendance naturelle de la femme à se référer à sa psychologie du moment pour porter un jugement de valeur sur sa conduite, entraîne une instabilité dans les jugements moraux. Si l’intuition féminine s’amoindrit, la personne n’a plus alors qu’un comportement basé sur une sensiblerie. Les réactions violentes et changeantes sont proclamées sincères. La femme dit ce qu’elle pense, fait ce qu’elle juge être bon et se moque de ce que peuvent croire les autres… elle est sincériste.

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Convaincre son époux et persuader son épouse

C’est encore dans une synthèse des deux perspectives morales que l’être humain peut porter sur lui-même un jugement plus complet. Il est capable, d’une part, de mieux comprendre pourquoi il agit de la sorte et, d’autre part, d’apprécier la valeur de son acte par rapport à des principes auxquels il désire conformer sa conduite.

Si nous avons bien saisi les deux perspectives fondamentales de l’intelligence humaine, nous sommes capables de mieux voir comment l’homme se laisse convaincre et comment la femme se laisse persuader.

Pour être convaincu, l’homme a besoin d’arguments et de conclusions logiques. Aussi la femme se sent-elle impuissante à lui faire changer d’avis. Pour y parvenir, tantôt elle s’efforce de l’amener à son point de vue par des sentiments affectueux, tantôt elle s’ingénie à lui faire un raisonnement solide. Dans le premier cas, il cède sans être convaincu ou réagit avec violence ; dans le second cas, il éprouve une certaine répulsion en face de la femme qui raisonne, alors qu’il se trouve à l’aise en écoutant l’épouse qui lui fait des remarques justes, précises et rapides. Cette réaction masculine fait dire à certaines femmes que l’homme ne voudrait surtout pas avoir une épouse aussi intelligente que lui.

Si ce jugement est féministe, il n’est certainement pas féminin. Car la femme d’une certaine finesse d’intelligence comprend qu’il faut à l’homme un temps pour être convaincu. En effet, la pensée masculine étant structurée plus ou moins logiquement doit subir une malaxation intérieure pour se reconstituer sous une autre forme. Lorsque des hommes discutent entre eux, nous remarquons que ce sont des systèmes, des conceptions, des points de vue qui se heurtent, s’écroulent, s’harmonisent. Mais l’individu, tout en admettant qu’il a été convaincu d’insuffisance intellectuelle, a besoin d’un temps pour réaliser une autre conception en tenant compte de l’idée de son interlocuteur. Il en est de même dans une discussion avec une femme. Si l’épouse connaît la psychologie individuelle de son mari, elle sait faire les remarques qui arriveront à le convaincre tôt ou tard. Par un travail intérieur, le mari transforme peu à peu sa pensée en tenant compte des réflexions exactes de son épouse. Ce n’est que lorsqu’il aura terminé cette nouvelle structure qu’il se sera convaincu. Il arrive même parfois qu’il ne se souvient plus d’où lui vient la suggestion ; et il est tout heureux de révéler à son épouse la merveilleuse idée qui lui est venue… En fait, si la suggestion lui vient de sa femme, sa pensée structurée est bien de lui. L’homme s’est convaincu lui-même, grâce à la délicate et fine intelligence féminine.

Lorsqu’un homme veut persuader une femme, il est surpris de la voir résister à une argumentation qui, pour la raison masculine, est d’une grande force probatoire. Il est désappointé.

Mais si nous observons la nature féminine dans sa modalité psychique de compréhension, nous découvrons que la femme est persuadée au moment où ses sentiments ont atteint une suffisante synthèse pour orienter cette intelligence vers l’idée dont on voudrait lui faire apprécier la valeur.

Il serait faux de croire qu’il suffit de flatter la sensibilité féminine pour persuader la femme. Celle-ci peut donner un semblant d’adhésion uniquement pour ne pas déplaire. Mais l’intuition féminine est une véritable exigence de vision interne. Grâce à des arguments, à des faits, à toute une délicatesse de sentiments, cette intelligence parvient à saisir la réalité ; la femme s’est persuadée par elle-même.

Ainsi grâce à une synthèse de ces deux formes d’intelligence, les êtres humains peuvent saisir plus profondément la réalité totale de la Vie. Ce n’est pas en se neutralisant mutuellement, mais en s’adaptant réciproquement que ces deux visions s’enrichissent l’une l’autre. Raison et Intuition font Intelligence humaine.

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