Personnalité et individualité : femme

Écoutons ceux qui s’entretiennent de la personnalité et de l’individualité féminines : combien divergentes sont les opinions émises !

Les uns s’enthousiasment pour la « haute personnalité » des femmes qui attirent par leur beauté, excitent par leur instinct sexuel, éblouissent par leurs toilettes. Ils s’extasient devant celles qui dictent leurs volontés, imposent leurs caprices, réduisent l’entourage à leur merci.

D’autres s’émerveillent à la vue des personnes qui se livrent à des activités masculines, se montrent d’une grande endurance physique, réalisent des exploits peu communs ; ils admirent les femmes d’affaires, les sportives, les tempéraments autoritaires.

Certains, plus perspicaces, devinent néanmoins que la personnalité féminine est une réalité plus profonde que cet aspect extérieur ou cette imitation. Sans pouvoir analyser leurs impressions, ils se sentent attirés par la femme qui, sensible, délicate, intuitive, porte en elle une valeur de tendresse humaine ; ils éprouvent la sensation d’être en face d’une grande personnalité qui leur inspire déférence et affection.

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Le « je » : Rappel des principales caractéristiques féminines

Pour nous faire une idée d’ensemble de cette personnalité, nous devons revenir sur ce qui fut analysé en détail. Comme chez l’homme nous découvrons une structure biologique et une valeur d’intensité vitale. Mais cette structure possède sa hiérarchie propre qui constitue la féminité.

La nature féminine se caractérise tout d’abord par une prédominance des orientations sentimentale et physiologique. Cette prédominance est marquée avec netteté chez les femmes qui ont atteint leur plein développement biologique. Elle s’accompagne d’une supériorité des libérations spontanée et réactive sur la libération à tension interne.

La vitalité féminine est sur-le-champ mise en vibration grâce à une fine sensibilité qui la rend capable de ressentir les moindres sensations.

Une telle sensibilité dirige l’intelligence féminine vers des domaines où la mobilité et la finesse exigent une saisie au vol. La vision intuitive prime la raison ; elle éloigne la femme de l’abstraction pour la mettre en contact direct avec la réalité vivante.

Afin d’adapter sa propre vitalité à celle des autres, la femme possède une volonté dont les énergies à tension interne se répartissent en fines doses pour soutenir, calmer, orienter, épurer le jaillissement des forces spontanées et réactives. Sans étouffer sa générosité vitale, elle se fait insinuante, discrète, pénétrante, pour exercer sa puissance directrice au sein même des vitalités étrangères. Cette puissance de volonté intérieure prime l’autorité qui s’impose du dehors.

Prédominance des orientations sentimentale et physiologique, primauté de la finesse dans la sensibilité, supériorité de l’intuition sur la raison, prépondérance de la volonté d’intériorité : telle est la hiérarchie biologique qui constitue la structure essentielle de la personnalité féminine.

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Inversion des valeurs chez certaines natures féminines

Tout renversement de ces rapports est une inversion biologique dont les conséquences peuvent aller jusqu’à des inversions sexuelles.

Comme chez l’homme, certaines inversions s’avèrent purement psychiques. Chez les femmes inverties, nous rencontrons aussi deux catégories : les inverties masculines, qui se comportent en hommes, et les inverties féminines, qui remplissent le rôle de femmes auprès du sexe féminin. Leurs psychologies présentent des déviations différentes. Je ne m’intéresse ici qu’aux inverties masculines.

En effet, celles-ci offrent un réel renversement des rapports biologiques. Le danger d’inversion est d’autant plus menaçant que la nature féminine est douée d’une très grande adaptabilité aux différentes activités humaines. De plus, la femme ne craint pas de s’imposer des sacrifices qui rebuteraient l’homme ; son endurance vitale favorise la possibilité d’accomplir des efforts pénibles, uniquement pour acquérir des richesses, susciter de l’admiration, recueillir de la gloire. Mais peu à peu les activités masculinisantes finissent par marquer leur empreinte ; la femme perd sa souplesse d’action, sa finesse de sensibilité, sa pénétration d’intelligence, sa délicatesse de volonté.

Il est facile d’avoir une confirmation de cette remarque en constatant le nombre croissant d’inverties masculines dans les pays, les milieux, les professions où la femme est soumise à des activités d’hommes. Certes, toutes les inversions n’atteignent pas le stade extrême de l’inversion sexuelle ; mais que d’inversions psychiques détériorent la vitalité intime de la femme ! La personnalité est invertie.

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Différents degrés d’intensité de la personnalité

Alors que la structure biologique fonde la féminité, l’intensité vitale est l’élément essentiel pour apprécier à sa juste valeur le degré de la personnalité féminine.

Certaines femmes sont pauvres en sentiments ; elles manifestent des affections superficielles ; leur vitalité physiologique est réduite. L’appauvrissement vital peut provenir d’un excès de dépenses énergétiques en des orientations qui détournent cette nature de sa ligne biologique. Ces femmes n’ont alors qu’une faible personnalité.

D’autres offrent des vitalités dont certains côtés se développent indépendamment de l’ensemble biologique. Elles se montrent remuantes, sentimentalistes, sexuelles. Bien qu’il n’y ait pas d’inversions, ces femmes ont des personnalités déséquilibrées.

En revanche, la femme qui possède d’abondantes énergies sentimentales et physiologiques se détourne de ce qui pourrait la diminuer vitalement dans son orientation féminine. Elle est riche en sentiments délicats ; elle est capable d’une générosité de cœur qui va jusqu’à l’héroïsme ; elle ne craint pas de témoigner sa tendresse, de conserver son affection, de sauver son amour. Elle peut se taire, se maîtriser, sourire, alors qu’elle aurait tellement envie de crier de douleur. Sans réserve dans le don discret d’elle-même et digne dans l’épreuve, elle accroît sa générosité vitale qui est source de puissance féminine : la personnalité est forte.

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La femme en action : harmonie intérieure de toutes ses tendances

Cette puissance de vie ne se réalise pas en dépenses massives d’énergies. Elle se caractérise par une abondance de forces qui se répartissent en doses très fines ; la femme, en effet, agit avec délicatesse, sent avec nuances, comprend avec minutie, veut avec doigté. La finesse est bien une caractéristique générale de la personnalité féminine.

Alors que l’homme présente une nature qui se réalise en des périodes successives selon des orientations bien définies, la femme s’accomplit dans un don de tout elle même. Les tendances féminines, loin de s’écarter lès unes des autres, se maintiennent étroitement unies entre elles. La femme est toute entière en tout ce qu’elle réalise.

Aussi sommes-nous rebutés par les femmes qui agissent sans affection, pensent en dehors de toute sensibilité, exercent une autorité dépourvue de sentiments. Cette répartition en activités distinctes détruit l’harmonie intérieure qui est la caractéristique fondamentale de la féminité.

Se référant à leur propre psychologie, les hommes ont tendance à commettre de graves erreurs au sujet du comportement féminin. La femme riche en sentiments éprouve, en effet, le besoin d’aimer dans son activité, sa sensibilité, son intelligence, sa volonté. Elle est un tout qui se donne à chaque instant de l’existence. Or, le mari ne saisit pas toujours cette vitalité généreuse ; la tendresse féminine l’agace ; réduisant trop souvent l’amour à des satisfactions sexuelles, il rabaisse son épouse en croyant que le besoin féminin d’affection est surtout une recherche de plaisirs sensuels.

En réalité, le don de la femme dépasse les limites de la sexualité. C’est dans les moindres gestes, les plus petites attentions, les plus discrètes tendresses que l’épouse aime totalement. Que de fois un mari pourrait rendre une femme plus heureuse en recevant avec une reconnaissance affectueuse ce don total !

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Le besoin de s’extérioriser

Cette vie qui se communique reste difficilement dans les limites de l’individualité. Elle est une puissance qui veut s’extérioriser.

Il nous suffit d’observer les fillettes à l’annonce de quelque bonne nouvelle ; poussant des exclamations, elles rient, sautent, battent des mains. Les garçonnets qui tentent de les imiter paraissent gauches et même ridicules. Ne comprenant pas cette spontanéité et cette réactivité féminines, ils accusent volontiers les petites filles de vouloir faire les intéressantes.

Dès que la sensibilité féminine est meurtrie, les larmes se mettent à couler. La fille cherche alors instinctivement à être consolée. Le garçon, que cette réaction agace, lui reproche de toujours se plaindre auprès des grandes personnes. N’a-t-elle pas crié, d’après lui, avant même qu’il l’ait touchée ? Le frère ne nie pas avoir frappé sa sueur, mais il estime qu’elle exagère en se plaignant pour si peu.

Le besoin de s’extérioriser incite la femme à parler de ses sentiments, à les décrire, à les amplifier. Lorsqu’une jeune fille ne trouve pas de confidente, elle livre souvent ses impressions, ses joies, ses peines, ses rêves à une amie imaginaire en remplissant presque chaque jour quelques pages d’un cahier intime.

Le penchant est si profond qu’il devient même un véritable réflexe ; à la moindre nouvelle quelque peu sensationnelle, la femme s’empresse de la raconter, de l’écrire, de la communiquer par téléphone. C’est la raison psychique qui rend la femme peu disposée à garder un secret. Aussi craint-elle de trahir ses sentiments sous l’effet d’une émotion fortuite. Dans les instants tragiques, l’homme n’hésite pas à fermer de sa main la bouche de la femme pour éviter toute manifestation qui leur serait fatale.

La tendance à l’expansion rend transparent le comportement féminin qui laisse échapper toute une vitalité jaillissante ; les paroles, les larmes, les sourires, les attitudes sont imprégnés de sentimentalité. Ce n’est pas au moyen d’idées qu’une femme se révèle, mais dans un don direct de son intimité ; elle livre son être en joie et en peine. Ses confidences n’ont rien d’un compte-rendu ou d’un raisonnement ; ce sont des effusions d’une vitalité heureuse ou douloureuse. Aussi la femme abandonne-t-elle rapidement les faits pour décrire ses impressions ; le récit même le plus objectif est entrecoupé de soupirs, de colères, de larmes, de rires. Il est nécessaire parfois d’attendre que cet épanchement s’apaise pour faire reprendre l’explication.

La communicabilité n’a pas seulement la valeur d’un soulagement psychique ; elle est une humanisation de la société. C’est, en effet, grâce à cette expansion vitale que les joies sont répandues, communiquées, intensifiées tandis que les peines sont révélées, comprises, soulagées. Brisant les limites de l’individualisme, cette nature suscite parmi les êtres humains une véritable conscience commune. Observons une société composée uniquement d’hommes ; elle se stabilise autour de problèmes, de préoccupations, de plaisirs qui laissent l’individu isolé en lui-même. Il suffit d’introduire dans ce milieu masculin quelques femmes d’une authentique personnalité féminine pour transformer immédiatement cette ambiance en une atmosphère vivante, réconfortante, humaine.

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Discrédit et explication de cette communicabilité

Mais un préjugé discrédite cette tendance à l’extériorisation vitale. Pour beaucoup, il ne s’agirait que d’une faiblesse de volonté.

Il est certain que des personnes peu maîtresses d’elles-mêmes importunent par les excès de leur communicabilité et peuvent, de ce fait, justifier en partie certaines critiques. Aussi quelques femmes, pour paraître supérieures au commun de leur sexe, se targuent-elles d’avoir une nature peu expansive.

Afin de posséder une idée plus juste de la confidence féminine, nous devons démêler un certain nombre de cas.

Remarquons, tout de suite, qu’il y a très souvent un illogisme flagrant chez les femmes qui prétendent, d’une part, que l’homme est peu expansif par manque de sensibilité et, d’autre part, qu’une attitude de repliement psychique est l’indice d’une intense souffrance.

Mais ces femmes, plus ou moins « déféminisées », oublient un simple fait : parce que l’homme est réellement renfermé, il ne dit pas qu’il l’est. La femme, elle, se plaint qu’elle l’est ; elle le répète parce qu’il faut bien qu’on sache qu’elle est peu portée à la confidence, et cela par tempérament et non par dépit, égoïsme ou pauvreté sentimentale.

En plus de ces femmes qui se lamentent sur leur nature « renfermée », il y a celles qui ne rencontrent pas dans leur entourage la possibilité de se confier. Si elles gardent enfouis au fond d’elles-mêmes leurs sentiments les plus vifs, ce n’est pas qu’elles veuillent jouer « aux renfermées » , mais tout simplement parce que la société ne leur fournit pas cette occasion humaine ; ce sont la célibataire isolée, l’épouse que le mari n’écoute plus, la veuve esseulée. Leur « mutisme » prend sa racine dans les circonstances extérieures à cette psychologie féminine qui est refoulée en elle même.

Une autre raison peut donner à la femme un comportement, à première vue, renfermé. Il nous est possible, en effet, de constater qu’une nature délicate exige une intimité d’autant plus secrète que la confidence est plus profonde. La femme qui raconte ses sentiments à tous vents, dévoile, certes, un caractère féminin, mais à un degré superficiel. Il est donc normal qu’une personne fine ne puisse se confier au premier venu ; elle paraît renfermée alors qu’en réalité elle n’est que « réservée », réservée à celui ou à celle en qui elle met toute sa confiance.

Nous rencontrons, cependant, des personnes qui ne se confient jamais, bien qu’elles en aient la possibilité ; nous serions même tentés de croire à des tempéraments renfermés. Mais, si nous nous donnions la peine de considérer de plus près ces différents cas, nous découvririons que le silence provient tout simplement d’une pauvreté sentimentale. Il est des femmes qui ne disent jamais rien, parce qu’elles n’ont rien à communiquer. Pour qu’une vitalité féminine sente le besoin de s’extérioriser, il faut qu’elle ait atteint un degré suffisant de personnalité.

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Altérocentrisme de la nature féminine

Le jaillissement vital que nous constatons a son orientation biologique. La femme cherche un être en qui elle puisse infuser toute sa vitalité la plus intime. Elle y place alors son centre d’intérêt. Cette nature humaine est altérocentriste [1].

C’est pour cette raison profonde que la femme désire vivre en intimité avec ceux qui l’entourent. Aussi demande-t-elle de la sympathie et de l’affection. Si la jeune fille aspire ardemment au mariage et à la maternité, ce n’est pas, comme le pensent d’une façon simpliste certains hommes, pour jouir de quelques satisfactions sexuelles, mais pour atteindre sa plénitude de vie sentimentale. Seules les personnes pauvres en affection conçoivent la vie conjugale et la maternité comme une corvée parsemée de quelques plaisirs. Mais les femmes de haute personnalité féminine sentent le besoin d’un don riche d’elles-mêmes. Ainsi nous comprenons mieux le drame caché d’une célibataire forcée, d’une épouse qu’un mari a expulsée de son intimité masculine, d’une mère à qui les enfants sont enlevés.

Pour réaliser sa biologie féminine, la femme se marie, a des enfants, s’occupe des orphelins, soigne des malades, se dévoue aux vieillards. Lorsqu’elle n’a pas eu cette possibilité ou ce courage, elle s’entoure d’animaux ; elle élève des oiseaux, dorlote un chat. « pouponne » un chien. Toutes ces occupations, parfois tyranniques, sont pour elle des occasions de sentir palpiter la vie. Que de plaintes, de cris déchirants, de révoltes angoissées montent des psychologies féminines qui ne vivent pas une intimité humaine !

Mais, pour pénétrer intimement autrui, la femme doit être capable de sentir les moindres nuances. La finesse n’est pas seulement une caractéristique de la personnalité féminine, c’est encore la condition indispensable pour lui permettre d’atteindre sa réalisation totale dans l’intimité d’autrui. Grâce à une délicate adaptation aux psychologies étrangères, la femme s’affine toujours plus pour ne devenir que présence. Là réside la grandeur de la modestie féminine. Il ne s’agit pas d’une humiliation, mais d’une justesse de nuances qui accroît toute une puissance pénétrante. C’est alors que la personnalité féminine devient efficacité.

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Le « moi » : observation de la femme individualisée

Lorsque cette vitalité est parvenue à un certain épanouissement, elle transparaît à travers l’individualité qu’elle anime. Le « moi » de la femme devient l’expression vivante du « je ».

Cherchant à vivre en sympathie avec son entourage, la femme est heureuse de se sentir désirée à travers sa beauté physique. Elle est fière et même orgueilleuse d’avoir un beau visage, des mains fines, des jambes élégantes, des cheveux soyeux. Ce « moi » corporel révèle la féminité qui se manifeste dans une démarche gracieuse, des gestes délicats, un sourire avenant, une regard profond, une voix douce.

La mobilité psychique de la femme entraîne un changement fréquent de toilette. Avec un tact sûr, la femme se vêt avec harmonie ; les étoffes sont recherchées, les couleurs se marient agréablement, les lignes se fondent dans une élégance qui met en relief sa finesse. Certes, la jeune fille ne trouve pas tout de suite son expression personnelle ; elle hésite pendant un temps dans le choix de la coupe de cheveux, de la mode à suivre, de la teinte du fard à utiliser. C’est pour elle un véritable souci ; elle y pense, fréquente les magasins, fait des essais. Ce n’est

qu’au moment où elle croit avoir trouvé le genre qui convient à son tempérament particulier qu’elle se sent être elle-même. Sa personnalité est ainsi consolidée et affermie dans une individualité physique.

Une femme dont la personnalité est assez puissante pour subordonner la toilette à sa valeur intime ne peut supporter d’être copiée par les autres dans son habillement. Toute imitation trop étroite est une intrusion qui la fait réagir avec violence. Ce n’est pas une simple question d’orgueil ou de jalousie, mais une blessure psychique provenant d’une réelle violation de la personnalité.

Parfois, l’épouse est profondément meurtrie par les exigences de son mari ; celui-ci oblige sa femme à porter toilette uniquement pour faire décor dans un salon, une réception, un banquet. Dépouillée de sa personnalité, l’épouse a la douloureuse sensation de n’être qu’un porte-vêtements et un étalage de bijoux pour l’orgueil de l’homme. Avec écœurement elle se soumet à des obligations qui la dégradent.

Car la femme de forte personnalité s’exprime dans sa toilette aussi bien que dans son maintien. Elle n’accepte pas d’être un pur mannequin, pas plus qu’elle ne peut supporter une mode qui ne soit spécifiquement féminine. Elle est femme et veut être femme dans tout son être.

Lorsque la personnalité est faible ou invertie, il nous est possible de nous en apercevoir par la perte du sens de la beauté féminine. Il est des femmes qui n’ont plus assez de finesse pour sentir les extravagances, le manque de nuances, les disharmonies. Certaines sont devenues exacerbées dans leur habillement ; les chapeaux, les robes, les manteaux se succèdent à l’allure folle d’une exhibition continuelle. Toujours éprises de la dernière mode, elles s’affublent parfois sans même pouvoir se rendre compte du ridicule de leurs toilettes. D’autres se « masculinisent » ; elles se vêtent avec des étoffes grossières, portent des habits d’homme, se coupent les cheveux à la garçonne. La perte de féminité laisse souvent surnager une sexualité qui ne trouve plus son équilibre dans cette nature désaxée. Nous pouvons alors percevoir un ensemble disgracieux qui choque ; c’est un véritable bric-à-brac où une veste de fourrure, des pantalons, du rouge à lèvres, des doigts jaunis par la cigarette, des bracelets clinquants, des gros souliers sont accumulés. Il faut vraiment avoir de la bonne volonté pour reconnaître là une femme l Qu’elle est loin la finesse qui fait le charme, la beauté, la grandeur de la féminité !

Les biens matériels, les connaissances intellectuelles, le rôle social contribuent à donner à la femme son individualité. Mais il est curieux de voir que ces éléments sont négligés lorsque les êtres humains apprécient une valeur féminine. L’étonnement disparaît lorsqu’on s’aperçoit du peu d’importance qu’on attache à l’individualité de la femme par rapport à sa personnalité. Bien plus, une forte individualité est souvent un obstacle à la valeur féminine. Pour que cette vitalité humaine puisse garder sa souplesse, sa spontanéité, sa transparence, il faut que l’individualité soit légère. La femme qui recherche la toilette pour la toilette, qui est comblée de richesses matérielles, surchargée de connaissances théoriques, éprise de gloire, se trouve emprisonnée dans un « moi » trop lourd qui sclérose, durcit et étouffe cette vitalité délicate. Elle perd alors de sa fraîcheur ; incapable d’un contact direct avec les vitalités qu’elle prétend aimer, elle rebute et éloigne. Il faut alors qu’elle se dépouille de son « moi » pour devenir une pure source de vie.

Car la femme ne vaut point par ce qu’elle possède, connaît ou domine, mais par ce qu’elle est. Sa grandeur et sa richesse résident dans sa vitalité féminine.

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[1Altérocentrisme (alter = autre) : état psychique dans lequel la personne est orientée vers autrui.

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