Personnalité et individualité : homme et femme

Personnalité et individualité forment un tout vivant qui situe chaque être humain dans un des sexes. On est homme ou femme selon que l’évolution biologique s’est réalisée normalement suivant une des deux perspectives naturelles.

Le tout masculin et le tout féminin s’avèrent très différents l’un de l’autre chez les individus ayant atteint une maturité suffisante. Aussi n’est-il pas étonnant de constater entre ces deux réalités humaines des attirances, des répulsions, des harmonies, des heurts.

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Méprise de l’épouse sur le mutisme masculin

Que de méprises entre conjoints au sujet du mutisme masculin et de la communicabilité féminine !

La femme reproche à son mari de ne pas vouloir s’expliquer lorsqu’une petite mésentente surgit dans l’existence familiale. Elle serait. dit-elle, disposée à comprendre les raisons alléguées par son époux ; faut-il encore qu’il daigne ouvrir la bouche ; au lieu de parler, il préfère, pense-t-elle, ruminer sa rancœur ou garder sa peine pour lui.

Son attitude énerve la femme qui considère ce comportement comme un défaut bien particulier à son mari. L’épouse n’est pas loin de croire que c’est un manque de confiance à son égard. Aussi pardonne-t-elle difficilement ce mutisme.

Pour essayer de se confier, le mari se fait violence ; mais son expression est maladroite ; il raconte ses difficultés avec parfois une réaction nerveuse d’ironie ou de fausse joie. Si l’épouse n’est guère intuitive, elle se scandalise de cette attitude : « C’est tout ce que cela te fait ! »reproche-t-elle à celui qui souffre dans le secret de lui-même. La femme douée d’une intelligence perspicace écoute, ne donne aucun conseil pour l’instant, ne se laisse pas ébranler par l’indifférence apparente de l’homme, car elle comprend qu’il faut avant tout permettre à cette nature égocentriste de s’ouvrir. Même si elle estime que son époux a tort, elle n’intervient qu’au moment où il est parvenu à s’épancher. Parfois, sous l’effet d’une trop forte douleur, l’homme est muré en lui-même. Impuissant à trouver les mots pour dire sa peine, il vient s’asseoir tout bêtement près de celle qu’il aime. Attention, femmes, ne vous énervez pas, même si cette présence masculine vous gêne dans votre travail : c’est un homme malheureux qui espère être compris de vous !

Quelquefois le mari, tout heureux, voudrait faire partager son bonheur à son épouse. Revenant à la maison, il lui raconte avec force détails les causes de son succès, les difficultés surmontées, les efforts réalisés, les résultats obtenus. Le récit peut être fait avec un ton neutre. Mais la femme intuitive ne se laisse pas abuser par cet accent « si naturel » ; elle perçoit derrière cette « indifférence » une vibration de joie qui transperce discrètement. Même quand son mari semble s’enorgueillir en exagérant la portée de sa réussite, elle y voit plus une réaction de bonheur que de la vantardise.

Ainsi l’épouse intuitive ne s’arrête pas au niveau d’un silence ou d’un récit, mais va au-delà de cette attitude extérieure pour pénétrer cette psychologie masculine qui est en état de souffrance ou de joie. Elle sait interroger discrètement et provoquer une confidence sans heurter. Si l’homme s’aperçoit d’une incompréhension de la part de son épouse, immédiatement il se replie. La femme croit à une réaction de susceptibilité alors qu’il s’agit d’une attitude de souffrance alourdie d’une déception ; le mari n’est pas compris par celle qui prétend l’aimer !

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Méprise de l’époux sur la communicabilité féminine

Si l’homme est d’une extrême timidité dans ses confidences, il n’en est pas de même pour la femme qui a tant besoin de dire ce qu’elle ressent. N’a-t-elle pas toujours quelque chose à confier ? Devant le flot de paroles, le mari se résigne à écouter d’une oreille plus ou moins distraite. Quelquefois il s’impatiente et rabroue vertement son épouse qu’il taxe de bavarde.

L’homme ignore souvent que cette attitude révèle une des plus belles qualités féminines : l’expansion vitale. La femme est une vie généreuse qui veut se communiquer. Certes, des excès peuvent susciter une gêne dans la vie conjugale, surtout lorsque l’épouse ne se contrôle pas ; mais il ne faut pas oublier non plus que le mutisme masculin comporte pour la femme son côté désagréable.

Aussi le mari doit-il prendre conscience que son épouse a besoin de confier ses joies à celui qu’elle aime. Elle lui décrit ses impressions, lui communique son bonheur. Si l’homme a la générosité d’être attentif, il reçoit cette psychologie féminine qui se livre entière à travers des rires, des exclamations, des baisers.

Le besoin de se communiquer est encore plus pressant sous l’effet de la douleur. Retenant avec peine ses larmes, l’épouse raconte ses difficultés ; elle s’embrouille dans son récit ; ses phrases sont entrecoupées de soupirs, de pleurs, de réflexions disparates. Le mari s’impatiente parfois en écoutant cette confidence peu claire. En fait, il commet une erreur en demandant un récit, alors que la femme désire lui confier son état psychique. Cette incompréhension masculine rebute l’épouse qui se décourage, se révolte, se replie sur elle-même. Attention, hommes, il ne s’agit pas de faire œuvre d’historien en écoutant une femme qui livre sa peine, mais œuvre humaine en communiant avec une vitalité endolorie !

Le mutisme de l’homme et la communicabilité de la femme ne sont pas des défauts de caractères particuliers, mais des attitudes différentes selon les sexes. Si, toutefois, l’homme et la femme ne contrôlent pas leurs tendances naturelles, celles-ci peuvent aboutir à des abus qui rendent difficile le bonheur conjugal. Aussi le mari doit-il s’efforcer de sortir de son mutisme alourdissant alors que la femme doit essayer d’éviter une prolixité épuisante. Par cette convergence d’efforts, les époux limitent les excès de leurs natures pour une plus heureuse intimité.

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Précisons sur l’égocentrisme de l’époux

La tendance masculine au repliement et la tendance féminine à l’expansion vitale sont les manifestations de l’égocentrisme de l’homme et de l’altérocentrisme de la femme.

Mais ces deux attitudes fondamentales posent de sérieux problèmes et suscitent de graves mésententes. L’homme, aux dires de la femme, est la personnification de l’égoïsme. Le mari, lui-même, finit par le croire et estime que, si telle est sa nature, il perd son temps et ses efforts à lutter contre une tendance aussi naturelle. L’homme s’installe, l’épouse se plaint et la vie continue…

Pour démêler ce nouveau problème psychique, nous devons tout d’abord acquérir une notion exacte de l’égoïsme.

Il faut entendre par égoïsme l’attitude d’une personne qui recherche son propre bien au détriment de l’intérêt d’autrui.

Or, si nous observons l’homme accomplissant une activité, nous le voyons se concentrer en lui-même ; il en découle, comme nous avons pu le remarquer déjà, une nette tendance à l’isolement.

Mais cette attitude ne saurait servir de base à l’appréciation du comportement masculin sous l’angle de l’égoïsme. Afin de porter un jugement valable, nous devons nous référer à l’intention de l’individu qui s’adonne à une activité. Selon le but visé, nous sommes à même de percevoir d l’homme cherche à se satisfaire au détriment de son semblable ou s’il consacre ses forces à l’intérêt d’autrui. C’est ainsi qu’un père de famille peut, en oeuvrant intensément pour nourrir les siens, se montrer d’une émouvante générosité en adoptant une attitude d’isolement pour parvenir à de meilleurs résultats. C’est commettre une injustice fondée sur une méconnaissance de la psychologie masculine que de reprocher à l’homme sa modalité naturelle d’action.

Cependant, l’individu, s’il ne surveille pas sa tendance naturelle, court le danger d’oublier le but altruiste de ses efforts. Au fur et à mesure qu’il s’enfonce dans son action, il risque de restreindre ses intentions aux dimensions étriquées d’un intérêt individuel.

En revanche, l’individu peut parfois refuser de réaliser des efforts de concentration. Désirant être constamment « ouvert » à ses semblables, il répugne à s’isoler. Ce manque de courage le rend improductif.

De sorte que nous pouvons déceler chez l’homme deux formes d’égoïsme : un égoïsme naturel qui est un excès de la tendance de l’individu à se replier sur lui-même, et un égoïsme anti-naturel qui est un manque de concentration ; comme le dit le mot : « manque », il s’agit d’un défaut.

Ce n’est que dans un comportement égocentriste que l’homme peut atteindre un don généreux de tout lui-même en offrant les produits de son activité. Il doit donc avoir le courage de se concentrer tout en contrôlant son attitude.

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Déviances possibles de l’altérocentrisme de l’épouse

À l’opposé, la nature féminine n’est pleinement active que dans la mesure où elle se donne aux autres. Son altérocentrisme la porte à la générosité. La femme prend plaisir à s’intéresser à ceux qu’elle aime ; elle s’inquiète de leur bien-être ; elle s’oublie volontiers pour venir en aide à son entourage.

La tendance peut devenir si prépondérante qu’elle dépasse les nécessités réelles. Des épouses importunent leurs maris en se créant des obligations imaginaires ; des mères comblent leurs enfants d’attentions inutiles et même parfois néfastes à une saine éducation. Malgré leur protestation de dévouement, elles se complaisent égoïstement dans leur générosité apparente.

Certaines femmes estiment qu’elles s’amoindrissent en s’oubliant au profit d’autrui ; elles ont l’impression d’un sacrifice qui les appauvrit. Aussi envient-elles les hommes qui, d’après elles, travaillent uniquement pour leurs propres intérêts. En conséquence, elles recherchent des occupations qui puissent leur procurer des avantages personnels.

Leur ambition est basée sur une méconnaissance de la nature humaine. Ce n’est pas, en effet, le volume du « moi » qui est source de bonheur, mais l’intensité vitale à laquelle nous parvenons. Le « moi » fournit des moyens d’action et procure des plaisirs ; seul le « je » en se réalisant selon sa ligne biologique suscite au plus intime de nous-mêmes des joies infinies.

Bien au contraire, la femme qui poursuit son intérêt, s’enferme en elle-même et se coupe de toute vitalité étrangère. Au bout d’un temps une carapace d’individualisme la sclérose. Au sein d’un « moi » cristallisé, la personnalité féminine s’étiole dans un durcissement d’insatisfaction. Après une période de succès illusoires, la femme constate, mais souvent trop tard, l’échec de sa vie profonde.

Dans la première attitude, nous voyons des excès de générosité qui conduisent à un égoïsme naturel, tandis que dans la seconde position nous remarquons un égoïsme anti-naturel par défaut de féminité.

Seule la femme qui a le courage de s’engager avec délicatesse dans un don total d’elle-même peut espérer un réel épanouissement de sa nature. Grâce à une communion psychique avec son entourage, elle amplifie sa vitalité jusqu’à la générosité ; elle marche alors vers le bonheur.

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Injuste situation de la femme

Le bonheur, en effet, est fonction directe de l’intensité vitale. Or, pour que cette intensité parvienne à son degré le plus élevé, il faut que la nature s’oriente selon sa perspective propre. L’homme ne peut prétendre à son plein épanouissement que s’il s’engage suivant ses exigences masculines ; la femme ne saurait atteindre sa plénitude qu’en réalisant ses exigences féminines.

Il s’ensuit qu’à ces exigences différentes correspondent des droits différents.

Mais ici une grave confusion entre les notions d’égalité et d’identité rend tenaces certains préjugés.

Si nous portons notre attention sur l’histoire des sexes et si nous observons attentivement les rapports entre hommes et femmes selon les divers pays, nous distinguons deux attitudes générales qui ont déterminé la position de la femme dans la société.

Quand les êtres humains ont une nette conscience des différences entre les sexes, ils aboutissent, par référence aux valeurs masculines, à considérer le sexe féminin comme inférieur. Dans bien des cas, cette opinion se traduit par une servitude de la femme.

Si la compréhension des différences intersexuelles est réduite, le désir de justice conduit à une suppression pure et simple des valeurs authentiquement féminines. Certes, la femme n’est plus considérée comme un être inférieur… mais à la condition de ne plus être femme ; pour être estimée, elle doit agir, sentir, penser, vouloir en homme. Afin de nous en rendre compte, il suffit d’écouter ceux qui parlent du courage d’une femme ; ils décernent leurs louanges aux aviatrices, aux alpinistes, aux sportives, aux révolutionnaires qui se sont montrées capables de courage viril. Mais où donc est le courage féminin qui demande une valeur humaine plus profonde que ces imitations masculines, parce qu’il exige le silence, le calme, la modestie ? Peut-on dénier de l’héroïsme à une épouse qui soutient moralement son mari dans les pires épreuves ? Ne peut-on pas apprécier l’héroïque endurance d’une mère qui, silencieuse et constante, se dévoue à son enfant infirme ? Que d’énergies sont nécessaires à la femme pour être pleinement un don d’amour !

Mais derrière ces deux attitudes existe un préjugé permanent : la supériorité masculine. En effet, l’homme s’est toujours estimé consciemment ou inconsciemment comme l’étalon unique des valeurs humaines. Cela est si vrai qu’il a élevé son sexe au niveau de l’humain en général. N’emploie-t-il pas le vocable « Homme » avec un grand h pour désigner l’humanité ?

Un tel exclusivisme masculin achemine la femme vers une servitude ou vers une aliénation. Je ne vois pas de progrès humain entre ces deux situations. Par rapport à l’homme, unique étalon de référence, la femme est humiliée ou dépouillée d’elle-même ; de toutes façons, il s’agit d’un mépris des valeurs féminines.

Pour éliminer cette injuste situation, nous devons considérer les notions d’égalité et de différence.

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Respecter les natures sexuées de l’homme et de la femme

L’homme et la femme ont des natures qui exigent des conditions particulières pour se réaliser dans leur plénitude. L’un et l’autre ont le même droit au respect dû à leurs biologies. À ce niveau, ils sont égaux.

Mais cette égalité diverge en deux orientations définies. La justice étant le respect des droits de chacun comporte pour l’homme le droit d’être homme et pour la femme le droit d’être femme. C’est faire œuvre anti-humaine que d’imposer à la femme des obligations qui violent, dénaturent, étouffent sa nature féminine. C’est commettre une grave injustice que d’universaliser les droits de quelques-uns au détriment des droits des autres ; or, « l’amélioration » de la condition de la femme fut avant tout pour le sexe féminin une accession aux droits de l’homme… mais aussi aux obligations masculines. Et pourtant la femme possède le droit le plus sacré de ne pas être homme, comme l’homme celui de ne pas être femme.

La justice humaine ne réside pas dans une identité des sexes au profit de l’homme, mais dans le respect absolu des droits qui correspondent à chacune des deux obligations sexuées. L’égalité se situe dans l’exigence du respect, tandis que la justice se réalise dans le respect de chacun des sexes.

Cependant, quelques-uns imaginent une évolution biologique qui amènerait la disparition des sexes. Ils pensent qu’une éducation appropriée estomperait les différences entre homme et femme. Les seules particularités qu’ils ne croient pas toutefois pouvoir supprimer sont les organes procréateurs. À cette impossibilité près, ils espèrent que le progrès aboutira au nivellement des deux biologies. Ils rêvent d’un type humain unique !

Un tel idéalisme supprime d’un coup de baguette magique les caractères essentiels des deux vitalités humaines si différentes l’une de l’autre. Mais c’est surtout une véritable ignorance de la réalité positive, car la masculinité et la féminité s’inscrivent jusque dans les sentiments les plus intimes, aussi bien que dans les dernières cellules de l’organisme.

Pour ceux qui hésiteraient encore en face de cette différentiation des sexes, un regard d’ensemble sur la marche générale de l’évolution ne peut qu’être très profitable. En effet, dans la perspective évolutionniste, l’être humain se place à la pointe de l’immense évolution vitale. Or, l’observation oblige à constater que la vie s’est développée, sous l’angle des sexes, suivant une divergence progressive. Au stade inférieur de l’évolution, la sexualité est difficilement décelable ; elle apparaît imprécise, imprécise, hésitante, tâtonnante pour devenir de plus en plus visible et affermie au fur et à mesure que nous examinons les êtres vivants à un stade plus élevé de l’évolution. C’est bien dans une différenciation de plus en plus accentuée que les sexes ont évolué au cours des âges.

Si nous prétendons aller dans le sens de l’évolution générale, nous devons tenir compte des perspectives qui s’inscrivent dans la vie déjà réalisée. À cette condition seulement nous pouvons nous targuer de contribuer à un progrès réel. Chercher à faire disparaître les différences sexuelles, c’est prendre une direction opposée à l’évolution générale ; c’est donc être anti-évolutionniste.

Le même phénomène de différenciation entre les sexes se constate au cours de l’existence des individus. Bien que la première cellule de l’être humain soit sexuée à l’instant même de la conception, les caractères sexuels ne deviennent apparents que lentement au cours du développement du fœtus. Les différences sont encore peu visibles chez les tout jeunes bébés, exception faite des organes génitaux. Mais, peu à peu, l’être humain présente, tant sur le plan psychique que sur le plan physiologique, une accentuation des caractères qui situent l’individu dans l’un ou l’autre sexe. Ce n’est qu’au moment où la maturité biologique est atteinte que l’être humain présente toutes ces caractéristiques à un degré nettement défini. Il est homme ou femme.

Loin d’être une cause d’éloignement entre homme et femme, cette différenciation biologique est facteur d’attirance.

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Attirance et répulsion réciproque

L’homme et la femme parvenus à leur pleine maturité biologique sont attirés l’un vers l’autre. Il ne s’agit pas d’une simple satisfaction sexuelle comme l’imaginent certains esprits simplistes, mais d’une forte tendance à rechercher une complétude [1] sur tous les plans de leurs natures humaines. Ils se désirent vitalement.

Leur complétude réciproque ne nécessite pas forcément des relations intimes, surtout sur le plan de la pure sexualité. Certaines personnes réalisent leur plénitude de vie dans la chasteté. On peut bénéficier de la richesse vitale d’autrui sans mener une existence conjugale.

Aussi les êtres humains se sentent-ils, d’une façon générale, agréablement impressionnés par les natures bien définies. Mais en même temps un homme se trouve d’autant plus attiré par une femme féminine qu’il est lui-même plus masculin ; la femme est d’autant plus séduite par un homme viril qu’elle est elle-même plus féminine. C’est précisément dans l’accentuation des différences des sexes que réside le facteur d’attirance inter sexuelle.

En revanche, les êtres humains dont la sexualité est imprécise, mal développée, instable, présentent entre eux des attirances momentanées, partielles, équivoques. N’ayant pas un sens très affiné de la valeur authentique de l’homme et de la richesse vitale de la femme, ils sont émus par une simple beauté physique ou troublés par un pur côté sexuel ; ils sont incapables d’apprécier la masculinité et la féminité dans toutes leurs profondeurs. Ces « hommes » recherchent aussi les femmes masculines, alors que ces « femmes » s’intéressent aux hommes efféminés. Bien que leur attirance réciproque se montre parfois aiguë, elle est habituellement faible. Nous pouvons nous en rendre compte en observant avec quelle indifférence les hommes et les femmes se côtoient dans certains milieux mal sexués. Une présence d’homme ou une présence de femme ne change rien à cette atmosphère humainement neutre.

La loi biologique d’attirance entraîne comme conséquence un phénomène de répulsion entre les individus d’un même sexe.

Plus un homme est viril, plus il a horreur d’avoir des relations intimes avec un homme et moins il peut endurer la présence d’une femme masculine qui s’harmonise si mal avec sa nature virile. La femme féminine est violemment repoussée par la femme qui lui fait des avances et supporte difficilement la compagnie d’un homme efféminé.

Le phénomène de répulsion entre les individus d’un même sexe est confirmé par le comportement des invertis. Atteignant un certain degré d’inversion, l’ « homme », qui joue le rôle de femme, éprouve de la répugnance pour le sexe féminin ; sa féminisation le situe dans la ligne de la femme qu’il fuit. La « femme », qui remplit la fonction d’homme, ressent du dégoût pour les individus virils ; sa masculinisation la détourne de l’homme.

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De la politesse mutuelle

En même temps que naissent les réactions d’attirance ou de répulsion, l’homme et la femme éprouvent l’un pour l’autre des sentiments de respect ou de mépris.

Or, le respect se traduit dans le comportement quotidien sous forme de politesse. Cette attitude est une délicate attention permettant à ceux qui vivent autour de nous d’exercer en toute liberté leurs capacités humaines sans être gênés dans leurs activités, sans être épuisés dans leurs efforts, sans subir d’humiliation.

Au cours des siècles la politesse, qui est une œuvre féminine par son caractère de délicatesse, fut envisagée avant tout comme une déférence à l’égard de la femme. Cette conception finit par aboutir à la galanterie qui est un jeu de fine sexualité frisant le flirt.

La confusion entre civilité et galanterie est une erreur. Il existe une réelle différence entre les deux attitudes. En effet, l’homme galant ne se montre empressé qu’envers les femmes et surtout qu’envers celles qui sont jeunes et belles, tandis que l’individu poli se comporte avec respect envers tout être humain : homme ou femme.

Cette attitude respectueuse se modèle sur la valeur de l’individu que l’on respecte. Il en découle forcément une politesse à l’égard de l’homme et une politesse à l’égard de la femme. L’un et l’autre ont droit à être respectés selon leurs natures particulières.

Que d’épouses n’ont plus maintenant d’égards envers leurs maris ! Sans pudeur elles les évincent de leur rôle masculin : sans la moindre délicatesse elles leur coupent la parole et répondent comme si elles étaient seules à prendre les décisions familiales. L’homme n’a plus qu’à se taire dans son coin.

Que d’humiliations pour un mari qui a le sens de la beauté féminine de sortir en compagnie d’une épouse attifée avec extravagance ou travestie en homme ! Certes, la sensibilité masculine, par son manque de finesse naturelle, donne à l’homme la possibilité de laisser à la femme une certaine liberté dans son habillement et son comportement. Mais, dès que cet extérieur féminin outrepasse certaines limites, il se produit dans la psychologie masculine un heurt qui se transforme en dégoût.

Lorsqu’il s’agit d’un travestissement de la femme en homme, la réaction est d’autant plus violente que l’individu est plus viril. Certains maris ne tolèrent pas un tel déguisement. D’autres, trop faibles, s’inclinent devant les fantaisies de leurs épouses sachant qu’ils ne peuvent faire la moindre remarque sans que ces femmes piquent des crises de nerfs.

Si la femme n’a guère de finesse, elle se laisse emporter par les fantaisies de la mode, sans tenir compte que l’extérieur reflète la valeur intime de la personne. Elle humilie son époux en le faisant passer pour qui ? Pour un inverti ? Pour un demi-sexué ? Pour un faible ?

On objectera qu’il s’agit de vogue, de commodité, de protection contre la chaleur, la pluie, le vent, le froid etc… etc… Mais n’y aurait-il pas une mode typiquement féminine qui assurerait tous ces avantages ? Pour la femme incapable de saisir les nuances entre les sexes, je fais cette simple suggestion : voudrait-elle sortir en ville avec un mari portant jupe, corsage, souliers à talons hauts ? Vous riez… Serait-ce plus ridicule qu’une femme avec des pantalons, une veste d’homme, la cigarette aux lèvres ? Serait-ce plus dégradant ? La femme s’estimerait-elle si inférieure pour rêver d’une imitation masculine qui la rehausserait ?

Nous nous plaignons d’une baisse notable de politesse à l’égard de la femme. C’est exact. C’est même une surprise de voir un homme céder sa place à une dame, de remarquer des jeunes gens s’écarter pour laisser passer une jeune fille.

Cependant, cette baisse de civilité ne doit pas nous surprendre ; car trop de femmes ne se respectent plus elles-mêmes dans leur tenue, leur langage, leur habillement pour attirer la considération de leur entourage. Si la femme veut être respectée, qu’elle commence par se respecter elle-même.

En effet, la politesse n’est pas une série de manières dictées par un code, mais un hommage rendu à la valeur humaine. Or, s’incliner devant des êtres qui se montrent si peu respectables devient une humiliation que n’acceptent pas ceux qui ont quelque respect d’eux-mêmes.

En revanche, l’homme est toujours disposé à se montrer délicat pour une femme qui présente une profonde féminité ; il s’empresse avec dignité de mettre à la disposition d’une valeur humaine sa force masculine pour écarter de cette délicate nature tout ce qui pourrait l’épuiser, la brutaliser, la meurtrir. Sa politesse n’est pas une concession à la faiblesse, mais un hommage à la délicatesse féminine.

À son tour la femme est elle-même encline à respecter l’homme qui possède une valeur virile. Elle s’efface pour lui laisser exercer sa force masculine sans le gêner dans son expression. Ce n’est pas une crainte en face d’une brutalité, mais un hommage rendu à une puissance d’homme.

Par ce respect mutuel l’homme et la femme s’effacent tour à tour donnant à l’autre la place qui lui est due. C’est là reconnaître deux valeurs distinctes qui sont toute la richesse de la nature humaine.

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Complémentarité des valeurs

Or, toutes ces valeurs n’atteignent leur plein développement que selon l’une des deux perspectives : masculine ou féminine.

Un individu ne peut, en effet, prétendre se réaliser totalement en poursuivant ses efforts selon les deux perspectives à la fois ; car ces deux orientations biologiques se neutralisent chez un même être humain ; il est impossible de mener de pair dans toute leur ampleur l’intensité d’action et la délicatesse d’activité, la sensibilité à contrastes et la sensibilité à nuances, la raison et l’intuition, l’autorité extérieure et la persuasion intime. Ce sont des valeurs complémentaires. Elles exigent des efforts qui s’opposent entre eux ; il est donc naturel qu’elles ne parviennent à leur réalisation complète que dans deux êtres distincts qui peuvent mener leurs efforts dans un sens défini.

Grâce à cette double perspective, la vie humaine extrait d’elle-même toutes ses richesses qui vont s’unir ensuite pour le bonheur des êtres sexués. L’homme et la femme, pleinement réalisés, peuvent s’apporter ainsi mutuellement des valeurs qui sont des richesses nouvelles pour le sexe complémentaire.

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[1Complétude : caractère de ce qui est complet.

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