Activité : homme

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Activité physique

Observons le garçon. Très tôt il manifeste un goût prononcé pour les activités musculaires. Il court, grimpe aux arbres, lutte ; il gonfle ses biceps devant les camarades pour montrer sa force grandissante, suscite des compétitions pour prouver à lui-même et aux autres sa supériorité physique ; ses amusements sont avant tout des prodigalités énergétiques. Il parcourt avec plaisir les revues illustrées qui relatent des combats ; son imagination brode autour de ces thèmes.

Le jeune homme s’engage dans des jeux violents. Nous ne le voyons guère s’orienter spontanément, à moins qu’il ne soit diminué physiquement ou dévirilisé, vers des activités qui ne demandent que de faibles énergies. Il lit avec passion les comptes-rendus des sports.

L’homme, parvenu à la maturité biologique, est fier, lui aussi, de ses forces musculaires. Bien qu’il se plaigne parfois de la dureté de son métier, il se laisse souvent entraîner à décrire avec complaisance les capacités exceptionnelles d’énergies qu’il faut pour accomplir son travail. Une de ses plus profondes souffrances morales est de constater la diminution, soit par la maladie, soit par l’âge, de ses possibilités physiques. Les vieillards s’en consolent en racontant leurs anciennes prouesses ; leurs récits, que l’imagination enjolive, commencent à prendre un petit air de légende.

Ce que nous pouvons remarquer tout d’abord est la forte tendance de la nature masculine à dépenser en doses massives d’importantes sommes d’énergies physiques. Tel est l’aspect sous lequel la virilité se montre la plus accentuée ; les compétitions de beauté masculine ont justement pour but d’apprécier le développement musculaire.

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Activité intellectuelle

L’homme présente une autre tendance prédominante, bien qu’elle puisse être embryonnaire chez certains individus. Il consomme une très grande quantité d’énergies pour des activités intellectuelles. Les dépenses s’effectuent ici encore en doses massives.

En effet, nous le voyons très souvent réfléchir. Replié sur lui-même, il suit une idée, l’examine sous tous ses angles, médite. II écoute avec avidité les personnes qui sont instruites ou qui se disent instruites ; il achète des livres de vulgarisation scientifique. Quelquefois rebuté par les difficultés de saisir les termes techniques, il abandonne à regret ses réflexions, comprenant avec tristesse qu’il lui manquera toujours cette instruction qu’il a négligée ou qu’on lui a laissé négliger lorsqu’il était en classe. Aussi s’efforce-t-il, à son insu même, de suppléer à ce manque de connaissance par une activité imaginative ; il invente alors une explication qui est son idée.

Il n’est pas rare précisément de rencontrer des individus qui, isolés en eux-mêmes, nourris de quelques lectures, ont dépensé durant de longues années des énergies intellectuelles sans méthode, seulement pour le plaisir de réfléchir. Mis en confiance, certains livrent craintivement leurs idées dont la profondeur ou la fantaisie peut étonner.

Toutes les occasions sont bonnes pour accomplir de telles dépenses. Volontiers l’homme s’arrête près d’un chantier de construction pour suivre le déroulement du travail. Non seulement il admire l’emploi des forces, mais encore suit avec intérêt la méthode utilisée. Il approuve ou critique la façon dont on s’y prend pour soulever un madrier, déplacer une pierre, planter un pieu… Il conçoit même des procédés nouveaux qui naturellement restent dans son imagination. Il peut éprouver un tel plaisir à calculer qu’il n’hésite point à passer des heures entières à jouer aux cartes, aux dames, aux échecs. De tels divertissements sont d’intenses activités de réflexion.

Il faut observer les hommes s’acharnant à trouver la solution d’un problème nouveau. Stimulés par les difficultés, ils oublient même leurs obligations quotidiennes. En face d’une discussion au sujet d’une recherche théorique, les femmes plus pratiques sourient parfois en voyant l’ardeur que mettent leurs époux à se fatiguer pour des « futilités »…, mais elles se consolent néanmoins en songeant qu’il vaut mieux que leurs maris aient cette passion.

Pour qu’une activité intellectuelle intéresse l’homme, il faut qu’elle exige des énergies abondantes. Les jeux de pur hasard ne deviennent attrayants qu’au moment où l’individu parvient au moyen de calculs à déterminer des possibilités de réussites. Il imagine des formules, invente des combinaisons, dégage des principes dont un intelligent emploi constitue tout l’intérêt. Il retire d’autant plus de satisfaction que ses efforts ont été plus intenses ; il goûte, en effet, les idées « puissantes », c’est-à-dire celles qui demandent pour être comprises de fortes concentrations d’esprit.

L’homme ne se contente pas de réfléchir ; il veut exprimer sa pensée, la communiquer aux autres, faire partager sa conviction. Afin d’y parvenir, il cherche à condenser son idée en des expressions courtes, précises, en relief. Sa conception intellectuelle perd ainsi en nuances, mais gagne en force.

Pour exposer son opinion, il est naturellement porté à faire des gestes qui révèlent une grande libération d’énergies. Il tend le bras, raidit l’index, ferme le poing, frappe même sur la table ; il élève le ton, scande certains mots, souligne des phrases en forçant la voix. L’orateur qui possède de la prestance peut rehausser davantage la force de sa pensée. Avec autorité, il impose son point de vue ; il produit ainsi une impression d’énergie qui plaît et subjugue. Ce côté est parfois si prépondérant que la fragilité d’un raisonnement peut échapper à l’attention de l’auditeur séduit.

Nous découvrons là un des secrets de convaincre les foules. Devant de tels orateurs, nous sommes portés à proclamer que ce sont des hommes. Les jeunes gens qui ne sont pas dévirilisés admirent ces entraîneurs et se montrent prêts à dépenser leurs propres énergies sous les ordres de tels chefs, tandis que les femmes reconnaissent la valeur virile des individus dont les forces peuvent même leur paraître trop brutales.

Nous pouvons ensuite dégager une troisième orientation énergétique.

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Activité artistique

L’homme s’oriente parfois vers une activité artistique ; or, l’art masculin est essentiellement caractérisé par des énergies puissantes, rudes, sauvages même. L’artiste se préoccupe de trouver une technique capable de capter les forces qu’il désire infuser dans son œuvre ; en des expressions ramassées, il révèle sa vision de beauté qui vibre d’intensité.

Pareille recherche exige souvent de telles dépenses que l’individu sort profondément fatigué de la lutte créatrice. L’épuisement peut susciter une diminution d’enthousiasme, des doutes sur la valeur des efforts, un découragement total. Sous l’effet de cette dépression, l’artiste peut être acculé au désespoir.

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Activité sentimentale

Une quatrième orientation énergétique se révèle à nous dans le domaine sentimental.

Nous commettons souvent une grossière méprise en réduisant les sentiments à de pures sensations. Il s’agit, en réalité, d’énergies vitales qui s’épanouissent au plus intime de nous-mêmes en des courants orientés. Tantôt ceux-ci convergent vers une harmonie qui suscite un bien-être, tantôt ils s’entrechoquent et s’annihilent mutuellement, créant des sensations douloureuses. Ces différents états se manifestent à notre conscience grâce à une sensibilité dite sentimentale.

Or, chez l’homme, les courants énergétiques sont amples, calmes, puissants. La nature masculine n’offre pas, en effet, sous cet angle une grande mobilité. Il faut toujours un temps plus ou moins long pour que l’individu change de sentiments. Sa passivité cache, en fait, une infériorité énergétique par rapport aux orientations physique, intellectuelle, artistique. Il est très visible que l’homme est peu porté à des activités sentimentales.

Cependant, nous exagérons en croyant que l’homme est démuni de sentiments. Nous sommes induits en erreur surtout par la régularité tranquille de cette vitalité. Une telle stabilité peut même faire perdre à l’individu la conscience de ses propres sentiments. Il faut quelquefois des obstacles qui viennent contrecarrer ces courants intérieurs pour qu’il se rende bien compte de sa vie intime.

Mais, sous l’effet d’un choc psychique, les réactions masculines sont violentes. Si l’individu les maîtrise pour canaliser ses énergies dans des discours, l’orateur devient un souffle de vie qui s’exprime en une parole vibrante d’humanité. Très souvent le sculpteur, le peintre, le musicien, le poète, émus au plus intime d’eux-mêmes, révèlent leur intense vitalité et la communiquent en provoquant chez les autres les mêmes résonances.

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Activité physiologique

Enfin, une dernière orientation énergétique peut être encore décelée. L’organisme consomme, à son tour, des forces pour s’accroître, se maintenir, se reproduire.

Si nous suivons de près l’évolution physiologique de la nature masculine, nous remarquons tout d’abord qu’elle est plus lente que l’évolution physiologique de la femme. De plus, cette activité s’accomplit dans une telle constance que l’individu de santé normale n’en perçoit généralement pas l’intensité.

Toutefois, cette activité physiologique rompt par instant cette régularité en manifestant de violents désirs sexuels. L’individu sent monter en lui des poussées difficilement maîtrisables qui l’incitent à une activité génésique.

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Synthèse

Si nous voulons nous faire une idée d’ensemble de la répartition des énergies chez l’homme, nous devons remarquer que l’être masculin mange et boit généralement plus que la femme. Cette assimilation intense entretient une source vitale qui répartit les énergies en des orientations que nous pouvons grossièrement délimiter en orientations physique, intellectuelle, artistique, sentimentale, physiologique.

Or, toutes ces orientations montrent clairement que les énergies masculines se libèrent en doses massives.

En outre, l’homme présente une nette prédominance des orientations physique, intellectuelle, artistique sur les orientations sentimentale et physiologique.

Telle semble bien être l’économie, très succinctement analysée ici, des forces humaines dans la nature masculine.

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L’homme en action

Portons maintenant notre attention sur l’homme en action. Peu à peu nous verrons se dégager un certain nombre de caractères qui se retrouvent chez tous les individus masculins.

Dès que l’homme se met en activité, il se replie sur lui-même. Tout ce qui le détourne de cette concentration lui fait perdre ses possibilités et annihile ses efforts. Aussi veut-il la tranquillité ; les enfants, la femme, les amis l’importunent de leurs questions ; les cris, les rires, les bruits, les déplacements l’agacent, à moins que ces diverses sensations ne s’harmonisent avec son activité. Impatienté de ne pouvoir se concentrer, il se fâche : « Taisez-vous donc, il est impossible de travailler. »

La conséquence immédiate de cette concentration réalisatrice est l’isolement de l’homme. Le milieu s’estompe alors pour ne devenir qu’un vague panorama. Les êtres qui évoluent aux côtés de l’individu sont indistinctement perçus ; les paroles dites par l’entourage perdent leur sens et se transforment en un simple murmure. Absorbé dans la lecture de son journal ou dans ses réflexions, le mari ne voit pas sa femme « farfouiller » dans le réchaud à gaz qui ne fonctionne plus. Si une question lui est posée, il ne répond pas ou fait entendre quelques mots qui sont plutôt un grognement qu’une réponse. Voulant des précisions, le demandeur insiste ; l’homme semble alors se réveiller et « venir d’un autre monde » ; il regarde l’interlocuteur sans rien comprendre ; il faut lui poser à nouveau la question. Parfois furieux d’avoir été dérangé, il soutient qu’il n’a jamais formulé la réponse qu’il a pourtant vaguement exprimée quelques instants auparavant. Si l’on finit par le convaincre, il déclare : « C’est possible, mais c’était manière… » ; entendons par là : « manière de me débarrasser d’un importun ». Quelques épouses profitent même de cette attitude masculine pour arracher « à la sauvette » une autorisation qu’elles savent ne pas pouvoir obtenir si leurs maris sont pleinement conscients de la demande.

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L’homme concentré

Pour se mettre en état de concentration, l’homme a besoin d’un certain temps. Avant d’entreprendre une activité nous le voyons tâtonner ; il devient silencieux ; ses muscles se bandent, son regard se fixe sur le but de l’effort. Après un moment plus ou moins long de recueillement, il se met à l’ouvrage. Cette attitude est très perceptible chez les travailleurs de force ; ils retroussent leurs manches de chemise, crachent dans leurs mains, empoignent lentement leurs outils. Chaque fois qu’ils reprennent la besogne après une pause, la même attitude se renouvelle.

Toutefois, nous pouvons constater que certains hommes se mettent immédiatement en activité sans être des réactifs pour autant. En réalité, ces individus sont en état permanent de tension interne, bien que ne se livrant pas, pour l’instant, à leurs occupations. Ainsi le diplomate qui participe à une réception cordiale peut, sur-le-champ, entreprendre des démarches à la moindre dépêche qui l’avertit d’un incident diplomatique. L’homme d’affaires, invité à un banquet, saisit entre deux toasts l’occasion d’engager des conversations pour mettre au point quelque nouvelle tractation.

Ce qui caractérise l’homme, c’est sa lenteur à réaliser sa concentration et non la mise en activité des énergies déjà disponibles.

Or, pour parvenir à cette concentration, l’homme doit s’engager dans un sens bien défini, éliminant toute action divergente. Certes, il peut mener plusieurs travaux en même temps, à la condition que ceux-ci puissent s’orienter vers un but unique. L’individu ne quitte pas alors sa perspective d’effort qui permet de maintenir constante sa tension interne ; il ne se trouve pas dans la nécessité de se détendre pour se tendre à nouveau dans une nouvelle direction. Aussi un homme qui se propose plusieurs buts, ou ne s’en propose aucun, est-il ou un agité, ou un réactif, ou un nonchalant, mais ne saurait être un authentique actif.

Il s’ensuit qu’un individu mis brusquement en face de plusieurs occupations urgentes se trouble, se voit débordé et se sent désemparé. II ne sait « où donner de la tête ». Énervé, il s’écrie : « Chaque chose en son temps, sinon rien ne peut se faire convenablement. »

Atteignant un certain degré de concentration, l’attitude masculine se durcit. L’individu devient violent ; il s’emporte contre ceux qui, pourtant de bonne volonté, n’harmonisent pas leurs efforts avec les siens : « Fais donc attention, pousse à droite et non à gauche », dit-il à sa femme qui l’aide à déplacer un meuble. Il est sans pitié même à l’égard des êtres qu’il aime le plus. Intensément concentré, il devient une force qui tend à renverser tout sur son passage, à écarter sans pitié ce qui s’oppose à son action, à bousculer sans délicatesse ce qui le gêne.

De telles énergies tendant à vaincre les obstacles et à les dominer sont l’expression de l’homme actif qui s’achemine ainsi vers une domination. C’est la forme caractérisée de la volonté masculine. Nous avons donc ici encore une valeur d’intensité de force. Si l’individu ne contrôle pas son penchant naturel, il peut imposer son vouloir jusqu’à l’écrasement de son entourage. Les dictateurs sont précisément des concentrations d’énergies qui réalisent jusqu’à la monstruosité cette tendance masculine.

Tranquillité, isolement, lenteur, unicité de but, durcissement et domination sont les caractéristiques fondamentales de cette nature en pleine action. Ces caractéristiques deviennent de ce fait les conditions d’une activité adaptée à l’homme.

Si nous désirons aller plus profondément dans notre analyse, nous décelons que ces caractéristiques sont les mêmes que celles exigées pour réaliser une libération énergétique à tension interne.

Pour bien comprendre, il faut savoir que la nature humaine présente trois possibilités de libérer ses énergies.

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Libération spontanée de l’énergie

La première, qui est la libération spontanée, fournit surtout les énergies nécessaires à l’accroissement, au maintien et à la reproduction de l’être humain ; la seconde, qui est la libération réactive, accomplit sous l’effet de stimulants variés une adaptation de l’organisme à son milieu ; enfin, la troisième, qui est la libération à tension interne, permet à l’individu, grâce à une attitude de concentration psychique, de disposer selon son désir d’une partie de ses énergies.

Or, le sexe masculin parvenu à sa maturité biologique présente une prédominance très nette de la libération à tension interne sur les deux autres formes de libérations énergétiques.

Nous remarquons, tout d’abord, que le garçon jouit d’une libération spontanée très forte. En effet, il éprouve un besoin pressant de se dépenser sans compter ; il est turbulent. Lorsqu’on le maintient en immobilité pendant un temps, il commence à remuer ; il change de posture, s’étire, se gratte ; une démangeaison l’énerve ; il finit par s’impatienter ; son imagination vivement stimulée lui suggère des idées parfois saugrenues. Il suffit alors de lui donner le signal de liberté pour qu’immédiatement il s’agite jusqu’à la fatigue.

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Libération réactive de l’énergie

Puis, la libération spontanée reste encore importante chez le jeune homme qui manifeste une plus forte libération réactive. II « réagit » contre ce qui lui déplaît. Il participe volontiers à des organisations qui ont pour but de lutter contre « quelque chose ». S’il n’y avait pas d’opposition, le jeune homme trouverait moins d’intérêt à dépenser ses forces ; il lui faut des ennemis à combattre ou des obstacles à surmonter.

Enfin, l’homme d’âge mûr et en possession de ses énergies montre un comportement moins spontané, moins réactif, mais plus volontaire. II paraît lent et même sans réaction. Cette attitude qui est, en réalité, calme, posée et intérieure n’est pas le signe d’un vieillissement, mais la marque d’une maturité réalisatrice.

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Libération à tension interne de l’énergie

La prédominance de la libération à tension interne s’accentue chez un homme volontaire. Pareille libération fournit la plus grande partie des énergies utilisées par l’individu. Par contrecoup, les autres formes de libérations énergétiques diminuent d’intensité. Il en découle que l’homme se trouve vivant au ralenti dès qu’il relâche sa tension. Revenu à la maison, il se détend dans le fauteuil ; il demeure ainsi sans bouger, sans dire un mot, sans même penser.

Nous percevons ce phénomène de sous-vitalité chez les individus qui ont pris leur retraite. S’ils ne se sont pas ménagé une activité extra-professionnelle qui les oblige à continuer d’une façon moins intense mais réelle cette tension interne, ils sont désœuvrés. Ils essaient de tuer le temps en se promenant, en causant de ci de là, en se reposant. Nous voyons quelquefois des vieillards se chauffer au soleil de longues heures, sans même essayer de s’intéresser à quelque activité. Or, la transition d’une vitalité intense à cet état de relâchement vital peut être si brusque que l’organisme n’a pu s’adapter. L’individu subitement dépourvu d’énergies devient incapable de résister aux plus petites maladies. Bien des hommes sont ainsi exposés du jour au lendemain à ne plus avoir l’occasion de se tendre intérieurement pour continuer leur équilibre biologique. La mortalité masculine à cette période critique de l’existence en est une conséquence.

Après un moment de relâchement, l’homme doit se tendre à nouveau dès qu’il désire entreprendre la moindre activité. La reprise est d’autant plus désagréable que l’individu est plus fatigué. Bien qu’il ne soit nullement paresseux, il n’aime pas faire un effort qui n’entre pas dans son activité principale. Ayant dosé, en quelque sorte, sa tension interne aux exigences de sa profession, il ne peut supporter qu’on vienne le déranger à ses moments de détente.

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Énergies et concentration masculines

Mais lorsque cette nature humaine s’est concentrée, elle est capable de se maintenir en cet état psychique. L’homme ne se sent pas pressé d’aboutir. Ceux qui désirent atteindre un but s’énervent d’autant plus tôt qu’ils n’ont pas les énergies suffisantes pour poursuivre leur activité. Par exemple, les réactifs, n’ayant que les énergies principalement libérées par réaction, s’exaspèrent de ne pouvoir obtenir immédiatement les résultats escomptés. Incapables de soutenir une tension interne, ils sont en étroite dépendance du stimulant qui les fait réagir. Ce phénomène explique les impatiences et les inconstances des jeunes qui, inaptes à réaliser une révolution progressive, réagissent en révolutionnaires.

Plus un homme est de nature virile, plus son attitude apparaît concentrée ; mais plus il accomplit cette concentration, plus abondantes sont les forces qu’il libère. Aussi l’individu se trouve-t-il encombré d’énergies dès qu’il s’applique à une activité qui n’absorbe pas toutes les forces libérées. Attentif à un travail délicat, il intensifie sa tension, mais s’énerve bien vite, ne pouvant plus contenir toutes ses énergies. Engorgé, il se remue, chante, fait de la marche pour « détendre ses nerfs ». Lorsqu’un homme essaie de débrouiller une ficelle entremêlée, nous le voyons froncer les sourcils, s’ingénier à trouver un bout, distendre un nœud avec ses gros doigts ; puis, vite agacé, il coupe le lien qui ficelait le paquet… et les femmes de dire : « Ah ! mon Dieu, ces hommes, ils n’ont pas de patience. »

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Tension interne masculine

Il est un fait qu’une libération énergétique s’accomplit avec d’autant plus de brutalité qu’elle est plus intense. Le garçon a des gestes brusques, des mouvements violents, des attitudes qui bousculent. Il heurte et fait pleurer sa petite sueur en s’amusant avec elle pour la distraire. L’éducation du garçon est précisément fort délicate en ce point il s’agit de rendre l’enfant maître de sa force sans en diminuer l’intensité.

Malheureusement les éducateurs n’ont souvent aucun souci de cette particularité masculine. C’est au petit bonheur que le garçon développe cette tension interne. Quelquefois une existence trop facile, une emprise féminine qui étouffe ou une protection ramollissante ne permet pas à cette troisième forme de libération énergétique de s’amplifier. Devenu adulte, cette nature peut n’être qu’une pure spontanéité ou qu’une intense réactivité. Nous qualifions ces individus de « grands gosses ». Ils ont souvent bon cœur et se repentent immédiatement et sincèrement de leurs attitudes qui ont pu blesser ou causer quelque ennui. Ils plaisent aux femmes par cette spontanéité et par cette réactivité qui leur donnent une fraîcheur de vitalité se rapprochant de la leur. Elles aiment ces « grands enfants », tant qu’elles ne lient pas leur existence à celle de ces individus : de tels époux ne sont souvent qu’un enfant de plus dans le ménage.

Si les libérations spontanées et réactives s’amoindrissent avec l’âge, l’individu dépourvu de cette tension interne demeure sans consistance vitale. Ses mouvements sont craintifs ; sa voix est sans force et quelque peu blanche, sa poignée de main est molle ; pour le moindre effort il est épuisé. Généralement la vieillesse apparaît très tôt chez ces individus qui n’ont pas toujours eu le bonheur d’une heureuse formation virile.

Chez les hommes dont la libération à tension interne s’accomplit, nous voyons une vitalité puissante s’accroître. Il nous est possible de constater quel changement s’opère chez le jeune homme qui, jadis étiolé dans un milieu restreint, s’épanouit dans une existence d’efforts virils. Les exercices, les endurances, les performances physiques ou morales d’une intelligente vie de caserne peuvent donner à la nature masculine sa résistance et sa puissance. Les hommes sont étonnés de voir combien ils ont pu résister au froid, à la pluie, à la faim, en des périodes difficiles. Ils ont dormi sur le sol nu, porté le « barda » qui leur sciait les épaules, veillé des jours et des nuits sans pouvoir fermer l’ œil… et tout cela, ils l’ont fait sans être malades ! Revenus dans la paix de l’existence quotidienne, ils ne se sentent plus capables de supporter la moindre privation, s’endorment dès que l’heure du coucher a sonné, s’enrhument au moindre courant d’air. À part certains qui ont été véritablement épuisés par une existence trop rude, la plupart s’imaginent faussement que leurs faiblesses actuelles sont des conséquences de leur existence passée. L’expérience et une bonne observation décèlent qu’il s’agit avant tout d’une insuffisance actuelle de tension interne. La nature masculine vivant moins intensément est aussi moins résistante.

Pour que l’homme atteigne son plein épanouissement, il doit s’engager intensément dans des activités qui correspondent à ses exigences biologiques. Ce n’est que selon cette condition qu’il peut prétendre réaliser sa plénitude dans un équilibre vital.

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