Intelligence : femme

Les hommes ont bien souvent critiqué au cours des siècles la capacité de compréhension de la femme. Certains pensent même que le comportement féminin dépendrait surtout de l’instinct.

À l’heure actuelle, la plupart, se référant au principe abstrait de l’égalité des sexes, attribuent à la nature féminine une intelligence identique à celle de l’homme. Pour en juger de la profondeur, on a donc recours à l’intelligence masculine considérée comme seul étalon d’appréciation. Aussi s’acharne-t-on à vouloir élever la femme à une maturité intellectuelle en la forçant à penser comme l’homme.

Mais une observation prolongée oblige à reconnaître que la femme possède une intelligence dont les qualités et les orientations sont bien particulières.

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Intelligence sentimentale

Voici une petite fille qui écoute : elle observe la personne qui lui parle ; son regard se porte sur les lèvres, se promène sur le visage, se pose sur les yeux de son interlocuteur. Nous avons l’impression qu’elle lit la pensée d’autrui. Elle suit avec un plus grand intérêt les histoires lorsque celles-ci lui sont racontées avec des mimiques à travers lesquelles les sentiments se reflètent.

Pour capter l’attention féminine, la conversation doit être soutenue d’émotions plus ou moins dosées. Les faits les plus attrayants paraissent insipides à la femme lorsqu’ils sont relatés selon une pure logique. En revanche, son intelligence se trouve à l’aise en face de récits pleins de vie ; son intuition progresse avec facilité grâce aux indications psychiques qu’elle saisit au vol. Se frayant un chemin parmi les multiples nuances, elle parvient à démêler le sens de l’histoire.

Si nous désirons comprendre cette intelligence humaine, il faut tenir compte de la sensibilité féminine. Celle-ci, avons-nous déjà remarqué, est douée d’une impressionnabilité capable de recueillir les moindres nuances psychiques. L’intelligence, à son tour, éclaire ces impressions et en perçoit les différentes significations. De ce fait, la femme jouit dans le monde des sentiments d’une clairvoyance qui déroute l’intelligence masculine. Elle saisit immédiatement la valeur sentimentale d’un regard, d’une parole, d’un silence.

Il ne s’agit nullement d’une simple sensibilité affectée, comme le prétendent trop souvent les hommes. Nous voyons, en effet, des femmes dépasser leurs impressions douloureuses pour comprendre le sens profond de la cause de leur désagrément. De sorte qu’elles vont au-delà de l’aspect pénible pour saisir la signification exacte d’une parole sévère. Elles acceptent d’être éclairées sur leurs erreurs, dussent-elles en souffrir. À l’opposé, les personnes peu intelligentes montrent des réactions uniquement fondées sur les impressions reçues. Elles se cabrent et se révoltent contre ceux qui tâchent de leur être de quelque secours en leur faisant des observations pénibles mais utiles ; elles se fixent sur un mot, un sourire, une intonation, sans même essayer d’en comprendre le but charitable ; elles se montrent vexées et butées.

Grâce à sa délicate sensibilité éclairée par une vive intelligence, la femme devient capable de trouver au fond de la psychologie humaine l’explication d’un comportement particulier. Elle dirige sa vision jusque dans les moindres replis des vitalités pour y découvrir le sens précis d’une démarche, d’une attitude, d’une parole. Elle comprend l’être humain par l’intérieur. C’est pour cette raison qu’elle scrute sans répit l’univers sentimental pour expliquer la conduite d’autrui par des intentions plus ou moins secrètes.

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La curiosité féminine

Cette tendance naturelle est nettement indiquée par le sens de la curiosité féminine. La femme éprouve, en effet, un vif plaisir à pénétrer sa propre psychologie. Avec avidité elle demande aux personnes plus ou moins compétentes de lui révéler son caractère, ses qualités, ses défauts. Malgré la crainte d’une analyse positive mais rigoureuse, elle préfère se connaître plutôt que de s’ignorer. Cette curiosité s’étend aux psychologies étrangères. La femme aime découvrir le caractère des autres ; elle suit attentivement leurs réactions, leur pose des questions. Ce besoin de savoir ne la laisse guère en repos ; l’épouse reproche souvent au mari de ne pas la tenir au courant de tout ce qu’il pense ; la mère est constamment attentive aux moindres attitudes de chacun des enfants. Dès que l’un d’eux manifeste une réaction inhabituelle, une inquiétude apparaît.

Lorsque cette intelligence n’a plus de préoccupations utiles, la femme transforme parfois son désir de connaître en curiosité indiscrète ; nous voyons alors des yeux guetter derrière les rideaux qui se soulèvent ; nous remarquons que des groupes de vieilles dames baissent la voix à notre passage ; quelquefois, l’envie est si pressante que la « petite curieuse » ne peut s’empêcher d’exprimer sa déception en nous louant de notre réserve : « Oh ! ce n’est pas la peine de vous questionner ; vous ne dites jamais rien… même de vous ! » Que de fois elle voudrait être « petite souris », non pour satisfaire, dit-elle, une curiosité malveillante, mais seulement pour le plaisir de savoir ! Les personnes des grandes villes sont fières de déclarer ne pas avoir ce travers « mesquin » des gens de la province ; elles se vantent de ne pas s’intéresser aux voisins de palier ; c’est à peine si elles les saluent dans le corridor. Mais que se disent-elles donc lorsqu’elles se réunissent dans un salon après quelques instants de conversation sur des sujets divers ? Elles finissent par parler de leurs parents, de leurs amies, de leurs connaissances. N’est-ce pas toujours plus ou moins des autres qu’il s’agit ?

Le désir de connaître s’intensifie avec les résistances ; la femme sent monter en elle une envie de pénétrer le secret lorsqu’elle voit naître une atmosphère de mystère. C’est même pour elle un genre de sport ; elle sait qu’elle ne retirera aucun avantage personnel ; qu’importe ? Elle se sent aiguillonnée. Aussi trouve-t-elle des moyens ingénieux et « innocents » pour s’infiltrer dans une confidence ; elle invente des prétextes pour rendre visite ; elle tombe volontairement en plein milieu d’une réunion tout en faisant l’étonnée et en se confondant en mille excuses ; elle peut s’imposer des heures de guet pour savoir qui est entré chez la voisine. Dès qu’elle est certaine de ce qu’elle soupçonnait, elle est apaisée.

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Stimulation de l’intelligence

Cependant, il serait faux de penser que la femme veut connaître ce qui se passe chez les autres uniquement pour être au courant de leurs affaires. Cette curiosité dissimule, en réalité, une intelligence qui veut s’exercer dans un domaine concret et humain. Nous en avons une confirmation dans le fait que la femme se lasse vite de ceux qui se livrent trop spontanément. Bien qu’elle soit tout d’abord contente d’être rapidement mise au courant des petites histoires ; elle ne peut s’empêcher de se plaindre de ceux qui lui apportent, sans qu’elle le leur demande, les nouvelles du quartier ; elle soupire en laissant échapper cette réflexion « Mon Dieu ! quelle langue ! » L’aisance avec laquelle sa curiosité est satisfaite enlève tout stimulant à cette intelligence qui se voit frustrée dans son besoin d’activité naturelle.

En revanche, une psychologie pauvre en vitalité sentimentale apparaît à l’intelligence féminine d’un piètre intérêt. La femme estime ennuyeuse une telle présence ; elle finit par ne plus pouvoir la supporter.

Si elle se trouve en face d’un caractère hermétiquement fermé, elle s’en méfie immédiatement ; elle éprouve une impression d’incertitude, d’inconnu, voire de menace. Elle lui prête des intentions inavouables. Ne parvenant pas à le sonder, elle préfère s’en éloigner. Elle ne peut endurer auprès d’elle des natures impénétrables.

Par sa finesse d’intuition, la femme connaît les qualités, les vertus, les intentions, les ambitions, les défauts, les vices de ceux qui l’entourent. Elle sait avec un doigté précis combiner tous ces éléments psychiques pour parvenir au but qu’elle désire. Elle encourage l’un, décourage l’autre, compromet un adversaire, flatte pour obtenir une aide ; par tout un jeu d’influences psychiques, elle manœuvre parmi les pires difficultés humaines. Toute cette influence est silencieuse, incontrôlable, impalpable en grande partie pour la raison masculine. Mais la femme voit la femme ; elles s’épient mutuellement, découvrent leurs jeux réciproques, se tendent des pièges, serrent de plus en plus les mailles de leurs intrigues sous le couvert de politesse, de sourire et même d’indifférence.

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Intelligence artistique

Cette tendance à pénétrer les psychologies concrètes prédispose la femme à juger la valeur d’une œuvre à travers son auteur.

Avec difficulté, elle maintient, en effet, son attention sur l’œuvre en elle-même. Elle tourne instinctivement son regard vers l’auteur pour découvrir en lui la raison d’un effort physique, le sens profond d’un livre, la signification intime d’un poème, d’une musique, d’un tableau. Aussi aime-t-elle lire les biographies ; elle prend plaisir à s’entretenir avec l’écrivain, le peintre, le sculpteur. Grâce à de tels contacts, son intelligence pénètre mieux les différentes productions des activités humaines.

Si la femme ne se surveille pas, elle risque d’être si attentive à l’auteur qu’elle n’est plus capable de porter un jugement objectif sur l’œuvre. Selon qu’elle est impressionnée favorablement ou défavorablement par la psychologie de l’artiste, elle est plus ou moins portée à louanger ou à critiquer un roman, une sculpture, une peinture, une poésie, une musique.

Cette intelligence est concrète. La femme n’est pas attirée par les grandioses théories intellectuelles qu’échafaude l’esprit masculin. Elle est plus près de la réalité vivante. En ce domaine, elle est plus positive que l’homme, bien que celui-ci se targue d’être plus réaliste.

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Intelligence psychologique

C’est la raison pour laquelle la femme, s’intéressant à la psychologie, ne cherche pas à posséder des notions générales ; que lui importent les termes techniques, les vues d’ensemble, les théories ? Elle désire des lectures qui éclairent sa propre vitalité et celle des êtres qui vivent auprès d’elle ; elle veut partir des faits particuliers pour aboutir à des conclusions pratiques. Aussi a-t-elle une nette tendance à poser son cas personnel. Pour juger de la valeur d’une observation, elle s’en réfère toujours à sa psychologie ou à celle de son entourage immédiat. Dès qu’une explication concrète lui est fournie, elle ressent un éclairement qui l’apaise.

Aussi la femme qui fait œuvre de psychologie trouve-t-elle plus d’aisance à s’exprimer à l’aide de romans. Les cas peuvent être alors analysés dans tous leurs détails. Elle se plait à décrire avec minutie les moindres nuances des psychologies en présence. Malheureusement, les frontières entre la réalité et l’imagination ne sont guère délimitables. Perdant le contact avec le réel, cette intelligence glisse, sans trop s’en rendre compte, dans le pur imaginaire.

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L’intuition féminine

Ce danger ne doit pas nous faire mésestimer l’ampleur de l’intuition féminine. C’est en une vue globale que la femme saisit l’être humain. Elle ne le décompose pas en éléments qu’elle analyse séparément. En un coup d’œil qui défie la raison, elle saisit une vitalité concrète sous toutes ses faces : physiologique et psychique. Dès que le rythme vital d’un être change, elle s’inquiète ; son intelligence est mise en éveil ; l’épouse commence à se poser des questions en percevant chez son mari une légère diminution d’appétit, un repliement plus accentué, un petit air mystérieux dans sa conduite. La mère s’alarme des moindres modifications dans les réactions de son enfant : « Ce petit, s’interroge-t-elle, a quelque chose. » Le père la rassure en pensant qu’elle exagère quelque peu. Mais elle ne parvient pas à se laisser convaincre ; elle veut savoir pour se tranquilliser elle-même ou pour prendre les moyens utiles. Les médecins qui reconnaissent la valeur des infirmières féminines n’ont nullement honte de prendre en considération certaines intuitions de femme. Que de fois les malades doivent à une authentique intelligence féminine l’heureuse intervention d’un docteur !

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Vie concrète

C’est précisément au sein d’une vie concrète que cette intelligence déploie ses immenses et irremplaçables possibilités. Nous voyons la femme à l’aise pour organiser judicieusement une maison ; elle voit immédiatement où placer les meubles pour plus de commodité et de beauté.

Elle comprend sur-le-champ les inconvénients d’une mauvaise installation ; elle trouve le bon endroit pour accrocher les ustensiles, suspendre les serviettes, loger le réchaud afin d’éviter de la fatigue et une perte de temps. Écoutons-la donner son avis dans l’aménagement d’un appartement et nous comprendrons mieux la valeur de cette logique pratique qui préside à cette organisation.

Si la femme poursuit des études, elle n’a guère en vue une simple acquisition de connaissances ; elle recherche avant tout un moyen de vivre, d’acquérir de la considération, de la gloire. Lorsqu’elle entreprend des études de médecine, elle ne veut nullement connaître la physiologie, la pathologie, la technique pour posséder un savoir théorique. Ce qu’elle désire avant tout, c’est se pencher sur ceux qui souffrent. Mais sa tendance à considérer l’être humain dans toute sa réalité l’incite, à moins de n’être plus féminine, à outrepasser le domaine purement médical pour s’intéresser à la vie entière du malade.

Lorsqu’une femme considère une valeur artistique, elle n’est nullement confinée dans la visite des musées. Ces collections de tableaux, de vases, de sculptures ont quelque chose d’indigeste pour cette souple sensibilité. Durant les vacances, lors d’un passage dans une ville, les touristes savent qu’il faut faire une visite à la cathédrale, au musée, au château. Mais les maris s’aperçoivent qu’il n’est pas très sage de s’enfermer ainsi dans ces lieux pour donner à leurs épouses des vacances agréables ; s’ils ne veulent pas que l’atmosphère s’alourdisse, ils doivent écourter la contemplation de ces merveilles. Dehors, ils iront, de vitrine en vitrine, voir les expositions des magasins ; c’est alors le tour des hommes d’attendre… et comme ils se sont promis d’être très complaisants pour la durée des vacances, ils n’ont plus qu’à suivre. Leur plaisir est alors de voir leurs épouses s’émerveiller devant des étoffes, des tentures, des tapisseries. Elles se penchent pour lire le prix sur l’étiquette ; elles font un rapide calcul de leurs dépenses, se laissent tenter ou s’éloignent, heureuses toutefois d’avoir pu regarder quelques instants ces beautés utilitaires.

Car la femme reste très pratique. Alors que l’homme revient à la maison après avoir fait l’acquisition d’une magnifique peinture, il se trouve bien embarrassé pour dénicher un coin afin de suspendre le tableau ; il n’avait même pas songé à cela. La femme n’est pas aussi étourdie ; elle achète cette statue parce qu’elle songe à la sellette qu’elle peut utiliser ; elle se procure ce vase parce qu’il fera bon effet sur le manteau de la cheminée ; elle se refuse à dépenser de l’argent pour une magnifique statue qui ne pourrait avoir aucun véritable rôle dans l’embellissement de son salon.

Cette intelligence pratique n’est pas pourtant superficielle. Donnons un petit coup d’œil discret sur une femme qui fait l’essai d’un vêtement. Elle se regarde dans le miroir, tourne la tête pour tâcher de s’apercevoir de dos, demande des avis ; elle examine si la couleur convient à son teint, si la coupe ne jure pas avec son allure, si la mode nouvelle est bien faite pour sa psychologie personnelle. Elle exprime son jugement par ces paroles : « Cela me va » ou : « Cela ne me va pas ». Mais quelle profonde intelligence artistique se dissimule derrière des mots prononcés par une femme qui a du goût !

La tendance vers le pratique est contraire à celle d’une intelligence abstractive. Il s’ensuit que l’intuition féminine maintient étroitement unies l’impression et le sens de l’impression.

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Fusion de l’intelligence et de la sensibilité

Il n’est donc pas étonnant de constater qu’une femme possède rarement une idée sans en avoir le sentiment correspondant. C’est la raison pour laquelle l’intelligence féminine est si humaine.

Pareille qualité possède sa limite. La femme se montre très vite touchée lorsqu’on la contredit. Elle défend ses idées avec âpreté ; il est fort malaisé de discuter avec elle sans qu’elle se sente aussitôt heurtée, visée, blessée. Certes, lorsqu’elle possède des notions que sa mémoire conserve comme moyens de travail, elle les abandonne volontiers à la critique. Mais si les connaissances font partie intégrante de son individualité, elle ne tolère pas qu’on y touche, surtout lorsque son savoir lui a été transmis par un être cher. Une sentimentalité quelquefois double se reflète à travers sa pensée. Toute critique devient par suite une blessure et même une blessure double.

Bien que la neutralité intellectuelle soit fort difficile pour une femme, certaines personnes se donnent l’allure d’une intelligence sans parti-pris. Elles se targuent d’une telle largesse de compréhension que cette attitude sent l’indulgence pour les individus moins instruits. Ce comportement peu féminin, malgré l’effort de bienveillance, cache une froideur psychique. Il suffit parfois d’une simple divergence de point de vue pour que le fond naturel réapparaisse. Nous percevons alors un mélange de logique étriquée et de réactions violentes. Cette intelligence se révèle tiraillée entre des conceptions théoriques et une sensibilité qui frise la susceptibilité.

Parce que cette intelligence et cette sensibilité se fusionnent dans cette nature en un tout indissoluble la femme vous apparaît profonde dans son intuition. En effet, il suffit qu’elle dise un mot, exprime une idée, livre une réflexion pour qu’immédiatement elle apporte une véritable consolation aux autres ; ce ne sont pas des phrases, des raisonnements, des conceptions qu’elle communique, mais une vitalité éclairée qui illumine et apaise. Par suite, avec quelles précision et cruauté psychiques elle peut meurtrir avec de simples remarques !

Aussi est-il très difficile à une femme de vouloir faire de l’esprit. Elle s’ingénie à forger des jeux de mots, à combiner des expressions amusantes, à vouloir jongler avec des idées ; pour se maintenir à ce niveau plaisantin, elle prend un ton acerbe ; sa voix grince, ses intonations se durcissent.

Pour comprendre le malaise que les personnes fines ressentent devant une femme d’esprit, il faut se souvenir que l’intelligence féminine n’est nullement portée vers l’abstraction pure ; il s’ensuit que la femme doit faire des efforts outrés pour dégager du contexte vivant sa pensée afin d’en jouer comme le petit chat s’amuse avec la pelote de laine ! Ces tentatives peu naturelles sentent le forcé et l’artificiel ; malgré sa bonne volonté, la femme finit par glisser vers la méchanceté. Elle se trouve donc devant cette alternative : ou bien ne pas se respecter dans son intelligence féminine ou bien devenir cruelle. Qu’elle le veuille ou non, son intelligence est trop pénétrante pour ne pas atteindre directement l’humain dans son intimité ; sa vision est trop intime pour ne pas charmer ou blesser.

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Vitalité de la pensée et de l’écoute

Lorsque la femme veut pénétrer une pensée étrangère, elle suit moins le raisonnement qu’elle n’observe la personne qui lui parle.

Nous avons déjà pu remarquer que la fillette se montrait très attentive à suivre les différentes mimiques de ceux qui savent lui raconter des histoires. Le fait est encore très net quand les femmes ont assisté à un discours, à un sermon, à une conférence. Il suffit de les interroger ; très enthousiastes, elles rappellent quelques idées prises au hasard et les exposent très brièvement pour s’intéresser immédiatement à la personne de l’orateur, du prédicateur ou du conférencier. Avec force détails, elles décrivent son allure, son maintien, ses gestes, son regard, sa voix, ses mains. À les entendre, les hommes croient qu’elles n’ont rien compris et que tout cet enthousiasme n’est dû qu’à une vive impression sur la sensibilité féminine.

Mais l’observation décèle que la femme peut avoir très bien saisi toute la richesse d’une pensée sans pouvoir la traduire en un exposé ordonné. C’est, en effet, par le biais de la vitalité qu’elle atteint le mieux l’originalité d’une conception étrangère. De plus, l’aspect logique s’estompant pour faire place aux nuances n’est guère conservé dans cette mémoire. Se rappelant la silhouette de l’orateur, la femme peut retrouver la pensée qui lui fut exposée.

Aussi a-t-elle besoin pour comprendre d’éprouver de la sympathie pour la personne qui désire lui donner quelques explications. Si le conférencier possède une voix désagréable, des gestes énervants, un physique disgracieux, elle doit faire effort pour écouter. Si l’orateur lui est franchement antipathique, l’auditrice se replie sur elle-même, épie les moindres défauts dont elle se sert comme arguments. La plus rigoureuse logique ne peut la convaincre si l’intelligence féminine ne parvient pas à suivre la pensée d’autrui en elle-même ; l’antipathie brise précisément toute possibilité d’intuition.

Si nous pénétrons la pensée féminine, nous constatons qu’elle n’est pas identique à celle de l’homme ; ce n’est pas une structure faite de notions, mais une vitalité éclairée. Elle est une fermentation d’idées, d’images, de sentiments qui ne trouvent une cohésion entre eux que grâce à une perspicace intuition qui les pénètre.

Lorsque la femme manque de personnalité, elle accumule des notions qui deviennent une structure artificielle. Son intuition est déviée, amoindrie, annihilée par cet écran intellectuel qui la sépare de la vie. Les femmes intellectualisées se montrent, en effet, très peu capables d’intelligence réelle. Enfouie sous le fatras des conceptions, cette intelligence apparaît froide, peu perspicace et pauvrement féminine.

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La logique de vie féminine

On reproche à la femme de n’être pas logique. Et pourtant en face de la réalité vivante, il faut remarquer que l’intelligence féminine peut donner une rude leçon à la logique masculine. L’homme se console en disant que l’instinct a de ces réussites qui surprennent ! Mais soyons plus justes, et reconnaissons tout simplement que s’il existe une logique de raison, il existe aussi une logique de vie. Je m’explique : la raison part de certains faits pour aboutir à des conclusions ; l’intelligence peut aussi fixer directement le but désiré et, sans se préoccuper de raisonner, mettre tout en œuvre pour l’atteindre. Si le but se déplace, se faufile, se transforme, les moyens changent constamment ; ils peuvent même paraître incohérents, illogiques, contradictoires. C’est ce que j’appelle une logique de vie.

Or, la femme concentre son intelligence sur la réalité vivante constamment mobile. Il est donc logique qu’elle modifie sans cesse son comportement en vue de la fin poursuivie. Le but oblige par conséquent la femme à une adaptation continuelle. Son comportement peut paraître désordonné. En fait, il est à tout instant ordonné à la réalité humaine qui règle la logique vitale de l’intelligence féminine.

Avec une aisance qui étonne souvent l’homme, cette intuition se réalise dans toute son acuité. La femme n’est pas absorbée lorsqu’elle écoute. Bien que ne dédaignant pas la logique, elle capte la pensée d’autrui, tout en continuant à s’occuper d’autre chose, à regarder autour d’elle, à remarquer ce qui se passe et se dit. Aussi coupe-t-elle, de temps en temps, la parole à ceux qui lui parlent, pour faire une remarque sur ce qu’elle vient de percevoir, et se remet ensuite à écouter sans avoir perdu le sens général de la conversation.

De compréhension rapide, la femme passe d’un fait à un autre. Qu’importe si le mot est parfois impropre, si la phrase est mal tournée, si le raisonnement n’est pas rigoureux ? Elle a saisi ce qu’on a voulu lui dire.

L’interlocuteur qui ne sait pas se mettre au rythme de cette vive intelligence paraît énervant et lourd. Comprenant avant même que le raisonnement ne soit terminé, la femme écoute à peine ; puis, quelques instants après, elle fixe à nouveau son attention dès qu’une nouvelle idée est exposée. La marche lente d’une logique rigoureuse la fatigue et parfois l’agace.

Lorsque les femmes parlent entre elles nous pouvons remarquer qu’elles se maintiennent difficilement sur un même sujet. L’entretien bifurque, revient en amère, aborde un thème imprévisible. Les impressions, les souvenirs, l’imagination provoquent des changements inattendus. Si nous enregistrions ce qui est raconté, nous constaterions des zigzags dont il serait malaisé de retrouver le tracé par simple effort de mémoire. Les femmes elles-mêmes ne peuvent se rappeler qu’avec peine tout ce qu’elles ont dit au cours d’une conversation. Le thème ne s’est pas déroulé logiquement.

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Difficultés pour exprimer sa pensée

L’intelligence féminine, n’ayant pas une tendance naturelle vers l’activité d’abstraction, laisse la femme fort embarrassée lorsqu’elle désire exposer sa pensée d’une façon claire. En effet, la femme doit toujours faire un gros effort pour donner à son savoir une structure logique, un schéma, un déroulement progressif. Plaçant les détails au niveau des lignes importantes, elle noie les idées générales dans le contexte sans y mettre de relief ; elle s’arrête sur un point qu’elle grossit démesurément par rapport à l’ensemble.

En revanche, elle paraît plus à l’aise lorsqu’elle veut exprimer son intuition ; elle s’efforce de suggérer plus que d’expliquer. À coups de pinceau, comme un artiste, elle précise un point, fait porter l’attention sur un autre, revient sur un côté qui avait échappé au regard d’autrui. La ligne de progression que suit la pensée féminine n’est pas une marche logique, mais un rapprochement tâtonnant vers une réalité mise en lumière par des retouches successives. Hélas ! Par souci de tout dire pour mieux se faire comprendre, la femme risque d’être prolixe.

Ce danger est d’autant plus grand que la réalité décrite est d’une mobilité continuelle. La pensée féminine, se modelant sur la sentimentalité, s’étale et se prolonge en voulant demeurer en contact avec ce courant intérieur.

C’est ainsi qu’une femme rédigeant sa correspondance n’a pas encore cacheté l’enveloppe qu’elle voudrait recommencer la lettre ; des sentiments nouveaux sont apparus ; et ceux qu’expriment les lignes écrites sont déjà du passé. La correspondante ne se croit même plus sincère en glissant la missive dans la boîte aux lettres !

Parfois, la femme se sent déroutée en face de tout ce qu’elle voudrait exprimer ; les nuances sont si nombreuses, les impressions si fugitives, les détails si inextricables qu’elle ne sait par où commencer pour mettre un peu d’ordre dans sa pensée. Ayant trop à dire, elle préfère garder le silence.

Ainsi la femme oscille continuellement entre une prolixité toujours insatisfaite et un mutisme d’impuissance.

Mais ce n’est pas en fonction d’une capacité d’explication verbale que nous devons juger de la profondeur de cette intelligence humaine, mais en fonction d’une justesse d’attitude, d’une précision d’intervention, d’une exactitude dans les remarques. Bien souvent, la femme à qui on demande son opinion se tait pour répondre par un simple geste qui livre tout le sens de la situation.

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Synthèse

Cette intuition si profondément humaine reste très délicate ; elle ne saurait se laisser scléroser dans des conceptions masculines sans perdre de sa pénétration. Ce n’est nullement une capacité mystérieuse, mais une possibilité de vision qui s’accroît, s’étiole et même disparaît. La femme possède une intelligence qui n’est nullement inférieure à celle de l’homme, mais qui est autre, avec ses valeurs irremplaçables.

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Vos témoignages

  • lionel 15 juillet 2015 04:55

    Intelligence féminine ? Et si les deux cohabitent chez un être humain ? J’ai lu que le contexte façonnait la personnalité . Pays ,époque ,entourage , etc …Il y a certainement du vrai mais cela ne fonctionne pas pour tout le monde .Si l’on prend Rimbaud en exemple . Il y a une grande diversité de forme d’intelligence , une infinité sans doute :sensitive , intuitive , rationnelle ,synthétique ,artistique ,imaginative , spirituelle ,abstraite le plus souvent tout cela mélangé à des degrés divers ce qui rend la saisie très difficile . La plupart des génies n’ont pas été reconnus ((de leurs temps )car il n’y avait pas ce qu’il fallait en face . Pareil pour les enfants dit « prodiges » (2% que l’on met dans des écoles pour surdoués afin qu’ils soient plus sociaux ) ce qui veut dire que …Bref je préfère parler de genre d’intelligence ou d’intelligence spécifique , d’éviter le mélange car des deux côtés j’ai rencontré des intelligences aussi fines , tout en nuances subtiles , profondes , parfois avec un « manque » dans l’expression ,dommage , puis son contraire dans la vulgarité , la grossièreté , superficialité , bref toutes les défaites de l’esprit à l’inverse des victoires le plus souvent invisibles que celui ci peut conquérir…

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