Sensibilité : femme

La sensibilité fut de tous temps reconnue comme une caractéristique de la femme.

La nature féminine est, en effet, douée d’une très forte impressionnabilité que les hommes qualifient parfois de sensiblerie. Ne comprenant pas toutes les réactions diverses et imprévisibles de la femme, ils sont tentés de considérer cette nature comme une énigme.

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Une sensibilité relationnelle et sentimentale

La fillette s’efforce, après une chute, de se relever d’elle-même sans pleurer. Si elle perçoit des regards posés sur elle, les larmes se mettent à couler d’abondance. Plus on essaie de la consoler, plus elle se lamente. Le ton frise parfois la colère, révélant que l’enfant est vexée dans sa fierté naissante.

De bonne heure, elle ressent d’une façon aiguë les sentiments les plus délicats. Elle éprouve avec acuité la honte ; il suffit de lui faire remarquer combien elle est laide en pleurant pour qu’elle s’emporte contre son entourage ou tente, de toutes ses forces, de « ravaler ses larmes ». Si on la flatte au sujet de sa beauté, son visage s’illumine ; toute cette petite nature s’épanouit d’aise.

Au pensionnat, dans la cour de récréation, en colonie de vacances, les filles évoluent dans des atmosphères psychiques où les sensations sentimentales provoquent de continuels mouvements d’attirance ou de répulsion. Elles se réunissent pour goûter des moments d’amitié ; elles cherchent à se faire plaisir, s’offrent des cadeaux, échangent des images ; dès qu’elles se quittent, elles s’écrivent de longues lettres dans lesquelles l’affection se donne libre cours. Mais ces relations, instables, suscitent des méfiances, des jalousies. Elles se plaignent de l’indifférence des unes et de la froideur des autres. Elles prennent parfois plaisir à humilier une compagne en adoptant à son égard une attitude méprisante. Si la maîtresse témoigne un peu plus d’attention à l’une, les autres chuchotent des critiques. Ce sont alors des occasions pour se blesser mutuellement.

Au sortir de l’adolescence, la jeune fille veut éprouver des sentiments plus intimes. Elle aspire à se réaliser pleinement. Elle veut aimer de tout son être afin de goûter la joie profonde de l’amour.

Pour atteindre cette profondeur de vie, la femme accepte d’affronter des sensations de tendresse, de crainte, de jalousie, d’inquiétude. Elle apprécie les histoires qui suscitent des larmes ; elle prend plaisir à voir des films qui la font frémir.

Cet univers intime est si riche que la femme ne trouve guère attrayante une atmosphère qui ne lui fournit pas de telles impressions. En revanche, les confidences sont pour elle une source de plaisirs dont l’homme ne comprend pas toujours l’agrément.

La sensibilité sentimentale de la femme est si fine qu’elle en exprime les moindres affections à travers ses paroles, ses gestes, ses attitudes. Sa physionomie, sa voix, son regard ont une mobilité qui révèlent les impressions les plus discrètes.

Quand la femme n’est pas déviée par l’égoïsme, elle manifeste une très forte tendance à la sympathie. Elle est heureuse de sentir vivre une vitalité étrangère dont elle éprouve les mêmes émotions, les mêmes craintes, les mêmes haines, les mêmes espoirs.

Elle cherche à faire partager ses ressentiments ou ses affections. Ceux qui ne se laissent pas influencer deviennent à leurs yeux des personnes hostiles. La communion sentimentale a pour résultat une intensification des sensations. La femme éprouve plus violemment lorsqu’elle vibre en intimité avec autrui.

Le besoin de sympathie est si net que la femme se trouve en une position instable lorsqu’elle occupe une situation sociale ne lui permettant pas une libre expression de sa sensibilité. Par peur d’être affectée, elle prend des attitudes d’indifférence et même de froideur. Le raidissement psychique a pour conséquence inévitable un amoindrissement de la sensibilité. Le comportement féminin se déshumanise alors pour se durcir.

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Désensibilisation féminine

Il nous est impossible de comprendre réellement cette sensibilité si nous ne portons pas notre attention sur les énergies correspondantes. Nous constatons, en effet, qu’au fur et à mesure que les sentiments s’appauvrissent, la sensibilité sentimentale perd de sa profondeur pour ne subsister que sous une forme superficielle. La femme n’est plus sentimentale, mais devient sentimentaliste.

Certaines jeunes filles, éduquées dans des milieux où l’affection est bannie, doivent cacher leurs sentiments ; elles sont obligées de refréner leur spontanéité et fuir toute impression comme une faute. Peu à peu, elles deviennent peureuses de leur propre nature ; elles craignent de témoigner leur tendresse et demeurent avec précaution sur leurs gardes.

Si, par malheur, cette éducation aboutit à l’étiolement de sa nature féminine, la jeune fille apparaît de plus en plus étriquée ; elle est sèche, dure, hargneuse. Une insatisfaction sourde la prédispose à la critique acerbe.

Si, malgré cette formation rigide, sa vitalité continue à se développer, la jeune fille se met à rêver. Sous l’effet de stimulants, cette sensibilité étouffée peut subir des bouleversements incontrôlables. Tout un monde nouveau surgit ; des sensations inconnues s’emparent de cette jeune nature qui est enlevée comme un fétu de paille ; les liens les plus sacrés sont rompus et l’aventure commence.

La désensibilisation féminine est actuellement un effet moins de l’éducation que d’un appauvrissement provoqué par des occupations auxquelles s’adonne la femme. Des études prolongées, des travaux trop rudes, des responsabilités lourdes étouffent cette psychologie si délicate.

Les femmes qui se livrent à des occupations peu féminines perdent, en effet, de leur sensibilité ; leur manque de finesse ne les rend aptes qu’à une existence de camaraderie. Mais les moindres émotions peuvent déclencher des réactions violentes, incontrôlables et très courtes.

L’appauvrissement sentimental peut être aussi la conséquence d’un gaspillage énergétique par désir de sensations ; les femmes cueillent alors au gré des circonstances des impressions amoureuses ; leur sensibilité superficielle les rend instables dans leurs affections. Pour entretenir ces sensations, elles courent à la recherche de stimulants ; elles délaissent certains individus pour en suivre d’autres qu’elles abandonneront ensuite… Ainsi tiraillées par leur sensiblerie, elles sont toujours en quête d’un nouvel amour ».

Lorsque de telles femmes sont mères, elles concentrent souvent leurs satisfactions sur leurs enfants. Ceux-ci ne deviennent plus que des occasions de plaisirs maternels. Les petits sont comblés, choyés, dorlotés au détriment d’une saine éducation. Ce sentimentalisme peut aussi se cristalliser autour d’un chat, d’un chien.

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La sensibilité féminine épanouie

En revanche, lorsque la nature féminine est parvenue à son épanouissement biologique, la sensibilité s’approfondit au fur et à mesure que l’intensité de l’activité sentimentale s’accroît. La femme ressent alors en elle une plénitude d’amour. Ses joies se multiplient malgré les fatigues et les souffrances que suscite inévitablement tout don de soi. Bien plus, elle voudrait intensifier encore son affection en se sacrifiant pour ceux qu’elle aime. Toutes ses forces se libèrent alors dans une offrande : la femme se sent vivre. Elle est capable de dépasser les sensations désagréables ; elle ne se révolte pas devant une souffrance, comme le font les hommes ou les femmes sentimentalistes, mais elle se penche tendrement sur les misères pour les soulager.

Si l’euthanasie peut avoir une fausse justification dans l’incapacité de l’homme de supporter la souffrance d’autrui, elle ne peut avoir sa raison d’être dans une psychologie véritablement féminine. Il peut exister évidemment des cas extrêmes où des femmes, acculées à leur dernière possibilité de résistance, subissent un effondrement psychique qui les pousse aux pires décisions pour mettre fin à une situation intenable. Mais la femme va plus loin que l’homme dans sa résistance morale et son dévouement. Ce n’est pas une sensiblerie qui la guide, mais une possibilité d’affronter les pires souffrances et d’accomplir les actes les plus héroïques.

Il est un fait que la femme se montre capable de supporter les peines morales. Tandis que l’homme fuit les occasions, les personnes qui l’ont meurtri, la femme ne craint pas d’assister à des scènes douloureuses ; elle désire regarder en face ceux qui lui ont porté préjudice. Bien plus, elle conserve fidèlement dans sa mémoire des souvenirs qui la font pleurer.

Si elle n’est pas généreuse, la femme se crispe à la moindre meurtrissure, n’endure aucune sensation désagréable, devient incapable d’actes courageux ; elle n’entend pas raison, ne veut même plus écouter, se montre impitoyable. Lorsque ce sont deux psychologies féminines qui se heurtent, les sentiments peuvent aller jusqu’au paroxysme de la haine. Le sens des paroles est interprété injustement. Les « coups de langue » s’entrecroisent sans indulgence.

Nous remarquons le même phénomène de sensibilité exacerbée chez certaines femmes qui s’adonnent à des activités idéologiques, sociales, politiques. Le choix de leur « idéal » est souvent déterminé par une affection particulière. Il s’agit pour elles de lutter pour ceux qu’elles aiment ou en souvenir d’eux. Un changement de sentiment provoque un changement de camp. Leurs affections et leurs haines deviennent exclusives. Elles s’enthousiasment, s’exaltent, se durcissent. Elles ne peuvent tolérer, sans crier à l’injustice, la moindre sanction contre les leurs, alors qu’elles justifient les pires répressions contre leurs adversaires. Aux périodes de troubles sociaux, elles deviennent souvent les instigatrices de crimes.

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Importance de la générosité et de la vie relationnelle

La sensibilité féminine n’atteint véritablement toute sa finesse et son équilibre que sous l’effet d’une générosité totale. Elle s’harmonise alors en s’approfondissant jusqu’au plus intime de cette nature humaine. Les sensations éprouvées deviennent plus riches, plus nuancées, plus variées. Les réactions moins violentes sont plus douces et s’adaptent avec précision aux vitalités étrangères. La femme se montre par conséquent capable d’une réelle communion psychique avec tous ceux qui l’entourent. Elle peut alors vivre des joies intimes qui la conduisent au bonheur.

Nous ne pouvons comprendre le comportement féminin dans son ensemble qu’en partant de la sensibilité. Chez une femme équilibrée, toutes les sensibilités s’harmonisent, en effet, en une synthèse dont la base est le sentiment.

C’est la raison pour laquelle la femme ne recherche pas les plaisirs de la table pour eux-mêmes. Ces diverses sensations ne lui sont réellement agréables que si elle les partage avec une personne qu’elle affectionne. Le facteur sentimental est si important qu’elle trouve délicieux un plat, uniquement parce qu’il lui est offert avec amabilité. Bien plus elle finit par l’aimer. Elle s’enthousiasme à un match de ballon, de boxe, de catch, uniquement parce qu’elle y assiste en compagnie de son fiancé, de son mari, ou bien parce qu’elle éprouve un sentiment particulier pour une équipe. En face de certaines brutalités, elle pousse des cris, se crispe, détourne le regard ; qu’importe ? elle est heureuse de partager des émotions avec ceux qu’elle aime.

Lorsque la femme ressent de l’antipathie, elle ne peut goûter les plaisirs auprès des personnes pour qui elle éprouve du ressentiment. Les distractions les plus agréables lui paraissent insupportables ; les paysages les plus beaux deviennent ternes ; les mets les plus succulents sont insipides. Il n’est pas toujours très facile à un mari de faire admettre à son épouse que le repas qu’il a bien fallu accepter chez une « chère amie » était délicieux ! Les hommes pensent qu’il s’agit d’un parti-pris ; ils oublient que la sensibilité physiologique de la femme est en étroite dépendance de la sensibilité sentimentale.

Cette dépendance est très manifeste encore dans le comportement de la femme à l’égard de ceux qui l’entourent. Les défauts physiques disparaissent à ses yeux lorsque des sentiments affectueux augmentent. Elle trouve beau son enfant, découvre du charme chez l’homme pour qui elle a de la tendresse. Elle est capable de surmonter les pires répugnances pour soigner ceux qu’elle aime. Mais dès que son affection diminue, les moindres travers lui deviennent une gêne ; son antipathie lui rend insupportable un sourire, un regard, un baiser. Tous ces témoignages déclenchent même des répulsions physiques.

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Sexualité féminine

La part de la sensibilité sentimentale est si grande dans les diverses sensibilités féminines qu’elle est même prédominante sur le plan de la sexualité. Lorsqu’un homme désire se rapprocher d’une femme, il provoque souvent des réactions violentes de défense. Ses paroles, ses regards, ses tentatives de caresse la révoltent ; elle est énervée, outrée, écœurée par des attitudes provocatrices. Dès qu’elle éprouve des sentiments affectueux, son comportement devient plus accueillant ; elle se montre plus disposée à recevoir des témoignages sensibles d’affection. Au fur et à mesure que l’amour s’approfondit, la femme devient de plus en plus capable de se donner physiquement. L’homme est souvent tenté de taxer d’hypocrisie celle qui fait un généreux don d’elle-même après s’être refusée violemment quelque temps auparavant. L’observation décèle qu’il ne s’agit pas d’une hypocrisie, mais d’une hiérarchie biologique selon laquelle la sentimentalité est à la base même du don physique. L’acte sexuel n’est pas, chez une femme normale, une simple occasion de sensations, mais l’expression d’une intense activité sentimentale qui est source de joies et de bonheur vital.

Le viol consiste précisément dans la violation de cette hiérarchie biologique. Dès qu’un homme désire physiquement une femme sans que celle-ci ait eu le temps d’éprouver des sentiments suffisamment profonds pour accepter l’acte sexuel, il y a viol de cette nature humaine. Ce heurt peut être si brutal que la femme reste brisée dans sa sensibilité. Il est alors très difficile de lui redonner un équilibre. Si elle est consentante, une véritable exacerbation de la sensibilité l’entraîne vers l’hystérie. Si elle se refuse entièrement, le dégoût, l’écœurement, la haine peuvent naître, provoquant la frigidité féminine.

Certaines ont une véritable crainte de l’acte sexuel. Une éducation dans laquelle l’amour entre homme et femme est considéré sous l’angle exclusif de sentimentalité ou de devoir les incite à se représenter le témoignage physique comme un acte vulgaire et quelque peu bestial. L’imagination brodant sur un thème féerique est source de déceptions, graves obstacles au bonheur conjugal.

Si cette représentation de l’amour fut celle d’une époque, elle n’est pas le danger actuel. Nous assistons à une tendance contraire : celle de présenter à la jeune fille l’amour comme une source de plaisirs sexuels. Cette nouvelle tendance éducative, dans laquelle nous percevons la prédominance de la conception masculine, ignore le fait essentiel que la sensibilité de la femme n’est pas identique à celle de l’homme. Aussi constatons-nous, à l’heure actuelle, une très nette tendance à l’hystérie.

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Instabilité physiologique

Une des caractéristiques de la sensibilité féminine qui déroute le plus est son instabilité. Les femmes elles-mêmes traitent volontiers de « lunatiques » celles qui, souriantes un jour, ne leur adressent même pas la parole le lendemain. Nous oublions, surtout lorsque nous en sommes les victimes, que le rythme variable de l’activité physiologique est une source constante de sensations diverses. La femme ressent des fatigues, des gênes, des tiraillements ; faisant effort contre ces impressions douloureuses et devant mener son activité quotidienne, elle se tend… et s’énerve contre son entourage.

Des femmes profitent de leur sensibilité pour geindre et faire plier les maris à leurs caprices. Aux moindres malaises, vrais ou inventés, quelques époux se précipitent pour calmer, choyer et dorloter celles qui sont de véritables tyrans dans leur égoïsme.

En face de certaines complaintes, nous penserions que l’activité physiologique féminine ne comporte que des inconvénients. Il est certain que ces ennuis augmentent avec les épuisements que l’existence actuelle impose à la femme. Mais une bonne observation sur ce point révèle que cette physiologie, à l’état normal, comporte son côté agréable de bien-être. Les souffrances et les plaisirs, les peines et les joies physiologiques se compensent en général.

L’aspect agréable de cette activité physiologique s’accentue chez les futures mamans au cours des grossesses normales. Les souffrances sont compensées par toute une intense activité physiologique qui donne des joies que l’homme ne peut même pas soupçonner. Certaines femmes sont si émues de toutes ces sensations intenses qu’elles sentent le besoin d’en parler. À écouter quelques-unes d’entre elles nous serions portés à croire qu’elles ont été les premières « à inventer la maternité ».

Celle qui est mère « à contre cœur » n’est attentive qu’aux inconvénients. Son manque de générosité lui dérobe les joies profondes ; elle se plaint des sacrifices que lui impose une maternité… et en rend responsable son époux qui est, d’après elle, le seul fautif. N’est-ce pas aussi pour elle une heureuse aubaine de rendre plus docile un mari qui ne sait qu’entreprendre pour se faire pardonner ?

Quelques femmes parlent de leur maternité et surtout de leur accouchement comme d’un « martyre » frisant dangereusement la mort.

À l’heure actuelle, une saine éducation tente de contrebalancer ces exagérations qui effraient les jeunes filles. On s’applique à considérer l’activité physiologique de l’enfantement comme une activité normale. L’imagination est apaisée, les mouvements musculaires sont plus coordonnés, la respiration plus calme pendant l’accouchement. Tout à la joie d’avoir un enfant, les jeunes mamans sentent diminuer les impressions de souffrances au profit des joies de la maternité.

Les joies sont encore augmentées si une affection profonde unit la femme au père de l’enfant. Toute une intense vitalité sentimentale surgit de cette nature féminine qui s’épanouit dans un don total d’elle-même. Un bonheur, que les hommes n’imaginent même pas et que les femmes égoïstes ou déféminisées ne peuvent atteindre, surgit de cette vitalité intense.

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Résistance à la souffrance physique

Nous restons étonnés de voir combien une femme est capable de résister à la souffrance physique. Non seulement elle paraît plus résistante vitalement, mais se montre plus courageuse que l’homme. Cette attitude est encore accrue lorsqu’elle est entourée d’affectueuses délicatesses. Malheureusement, la femme peut, si elle ne surveille pas ses exigences naturelles, profiter de ses souffrances réelles pour réduire l’entourage à sa merci.

Si elle conserve sa générosité malgré la tendresse qu’elle reçoit, elle devient vite capable de supporter les douleurs devant lesquelles les hommes reculeraient.

Nous sommes déroutés en face des mères qui, malades, se lèvent du lit à l’annonce d’un accident d’un des leurs ; elles oublient leur souffrance que leur entourage va considérer un peu comme une « maladie imaginaire ». Et pourtant il n’en est rien ; c’est qu’en réalité il s’agit d’une nature mise en pleine réactivité par une stimulation de la sensibilité sentimentale.

La femme, en effet, possède une nature tellement sensible sous cet angle que les moindres chocs peuvent provoquer des reculs ou des aggravations de la maladie ; une lettre, une visite, une indélicatesse de la part de l’infirmière. un oubli du médecin peuvent affaiblir cette nature jusqu’au découragement ; mais une tendre affection, parfois ferme, suscite une détente sentimentale qui aide à la récupération des forces ; la femme surmonte ainsi plus aisément son mal.

Toutefois, les femmes égoïstes sont très difficiles à soigner. Leur caractère aigri, leurs exigences, leur repliement sur elles-mêmes ne permettent pas aux personnes étrangères de susciter en elles des réactions énergétiques. Se plaignant sans cesse, elles sont seules dans leur vitalité réduite, bien que leur entourage les comble parfois d’attentions délicates. En se renfermant dans leur égoïsme, elles annihilent tout l’effet utile de la généreuse affection des autres.

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Réactions aux stimulations

Si nous considérons la sensibilité féminine dans son ensemble, nous pouvons distinguer deux caractéristiques bien définies.

Tout d’abord, l’observation décèle une sensibilité dont le taux de stimulation est nettement inférieur à celui que nécessite la sensibilité masculine. L’adjectif : inférieur ne signifie nullement une infériorité de valeur humaine. Il s’agit uniquement du degré d’intensité de la stimulation. Bien au contraire, la sensibilité féminine est si délicate qu’elle est plus apte à capter des sensations qui échappent à la sensibilité masculine.

Par suite, la femme est plus rapidement affectée. Les réactions sont plus violentes ; les énergies libérées à cette occasion sont plus abondantes. Il s’ensuit qu’il est plus difficile à une femme de les maîtriser.

Le comportement féminin apparaît donc plus agité, plus saccadé, plus dépendant des stimulants internes et externes. Impressionnée, la femme a des gestes brusques. Les moindres bruits attirent son attention, les plus petits mouvements captent son regard. Ses efforts physiques sont moins coordonnés. Remarquons les femmes allant à bicyclette ; elles donnent l’impression d’une fragile stabilité. En réalité, il s’agit surtout d’une moindre maîtrise de toutes les énergies libérées dont une partie provient des réactions diverses de leur fine sensibilité d’équilibre physique.

Si la femme est capable de ressentir de délicates sensations, elle supporte avec peine les stimulations intenses. Parvenues à un certain degré, les intensités deviennent douloureuses. Une lumière vive, un bruit aigu, une chaleur forte, un froid piquant provoquent chez elle des mouvements de protection : elle ferme les yeux, se bouche les oreilles, se découvre ou ajuste ses vêtements.

Lorsque les jeunes filles se distraient aux diverses attractions des foires foraines en s’amusant sur des manèges à sensations violentes, elles rient, se crispent et crient nerveusement. À un certain taux d’intensité qui est fonction de la finesse individuelle, les jeunes filles supportent avec peine les impressions, mais le désir de briller en compagnie les incite à supporter des sensations qui sont pour elles moins des plaisirs que des souffrances. Si elles étaient seules, elles n’auraient pas envie de s’astreindre à de telles distractions.

L’homme croit que, si la femme n’accepte pas de risques, c’est en raison du danger. En réalité, elle redoute moins le danger encouru que la trop forte sensation ressentie. Celles qui ont la « hardiesse » masculine se tendent intérieurement pour surmonter des impressions trop fortes ou présentent des sensibilités rustres.

Aussi les plaisirs féminins sont-ils avant tout des sensations à intensité douce. Les femmes préfèrent les gâteaux aux plats fortement assaisonnés, les sucreries aux cigarettes, les caresses aux sensations intenses de force physique, les musiques fines aux fanfares.

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Sensations très nuancées

La deuxième caractéristique est la capacité de saisir de très petites différences entre deux sensations simultanément ou successivement éprouvées. Or, nous savons qu’une nuance est d’autant plus grande que l’écart est plus petit. Nous avons donc chez la femme une sensibilité différentielle plus à nuances qu’à contrastes.

Cette tendance vers les nuances est très observable ; par exemple, lorsqu’une femme désire se procurer de l’étoffe, elle reste perplexe devant les divers tissus qu’elle fait déballer. La toile est un peu trop rêche ou ne l’est pas tout à fait assez ; ce serait « quelque chose » entre les deux qu’elle voudrait. Le vendeur, navré, s’excuse tout en expliquant qu’il serait difficile de trouver une nuance aussi précise, mais que faire ?… La femme a « son idée ». Elle remercie et va voir dans un autre magasin. L’homme reste toujours étonné en face d’une femme qui, devant un miroir, arrange ses cheveux à la mode « négligée ». Elle tire cette mèche, déplace celle-là, arrondit cette autre. Par ce soin extrême, elle parvient à faire de ce beau désordre une coiffure charmante.

Cette sensibilité différentielle permet à la femme d’ajuster les couleurs, les lignes, les odeurs, les sentiments en des ensembles qui, parvenus à un certain taux d’harmonie, charment la sensibilité masculine. Le charme est une impression délicate, doucement pénétrante, née de tout un jeu de nuances finement coordonnées. L’homme, qui ne saisit pas avec netteté ce jeu des nuances, reste subjugué par l’impression que dégage l’ensemble, sans pouvoir en connaître avec précision la raison. Le pouvoir du charme féminin est considéré par l’homme comme un pouvoir mystérieux.

Ainsi la sensibilité féminine présente une nette prédominance des sensibilités sentimentale et physiologique, tout en étant très caractérisée par sa finesse. C’est une sensibilité à nuances qui s’achemine vers le charme.

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